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Avec Zeste, Pierre Tucoulat relocalise les gourdes en inox

Avec Zeste, Pierre Tucoulat relocalise les gourdes en inox

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Pierre Tucoulat a créé Zeste, une marque de bouteilles engagées. Ces jolies gourdes nous aident évidemment à jeter moins de plastique... Mais ces contenants réutilisables sont également 100% fabriqués en France, du design à la production. Pour atteindre cet objectif, le chemin a été semé d'embûches : l'immense majorité des gourdes en inox sont produites en Chine.
Zeste

Découvrez les produits Zeste !

“Je voulais créer un projet faisant un lien entre le design, la production de produits physiques et le e-commerce… Le tout avec un impact positif”, raconte Pierre Tucoulat, 34 ans. C’est réussi : il a imaginé Zeste, une marque de gourdes en inox 100% Made in France.

Deux gourdes Zeste
Zeste

Avant de se lancer dans l’aventure de la bouteille engagée, on peut dire qu’il a vu du pays. Émirats arabes unis, Écosse, Thaïlande… Fils de parents expatriés, il a grandi à l’étranger, avant de rentrer en France à l’adolescence. Ensuite ? Une classe prépa et un cursus à l’ESCP Business School, une école de commerce parisienne. “Après mes études, j’ai travaillé pour un site de e-commerce allemand, poursuit-il. J’ai participé à la création d’un site aux Philippines. En rentrant en France, j’ai intégré une entreprise spécialisée dans les réseaux sociaux, un éditeur de logiciels, au commercial puis au marketing. J’ai vu de l’intérieur comment fonctionne une start-up avec peu de moyens.” 

Je voulais créer un projet faisant un lien entre le design, la production de produits physiques et le e-commerce… Le tout avec un impact positif.

En 2015, Pierre commence à faire un pas de côté : “Je trouvais que je manquais de vernis tech. J’ai passé deux mois au Wagon [une école de développement web et de data science, ndlr], pour avoir des bases de code et comprendre le langage des développeurs. Je voulais savoir faire des choses moi-même.” Contacté par Carrefour, il travaille ensuite pendant 3 années pour le e-commerce de la grande enseigne. “Mais, peu à peu, je changeais de mode de consommation. J’étais moins en accord avec ce que je faisais. J’ai décidé de partir”, se souvient-il.

Zéro déchet

Le déclic se fera lors d’un séjour chez sa sœur à Bordeaux… “Je tombe sur une gourde en inox. Il n’y avait aucune indication de la provenance”, explique Pierre. En faisant des recherches, il se rend compte que la majorité des bouteilles réutilisables en inox sont fabriquées en Chine, dans la même zone du pays : “Parfois, on rencontre des faux-amis du zéro déchet, qui font des milliers de kilomètres avant d’arriver chez nous. J’ai eu envie de faire bouger les lignes autour de ce produit. Je me suis dis qu’il y avait forcément un moyen de ramener les étapes de la production en France."

Défi lancé ! Oui, il y avait bien un moyen de limiter l'impact carbone et de valoriser les savoir-faire locaux... Au prix d’un long parcours du combattant ! Pierre crée donc Zeste, une marque au “nom large, qui n’enferme pas, sympa, joyeux, coloré, pop et acidulé”. Le premier produit est une gourde “double paroi” isotherme. Cette bouteille, qui n’est plus commercialisé aujourd’hui, était en grande partie conçue en France… Mais pas complètement. 

Parfois, on rencontre faux-amis du zéro déchet, qui font des milliers de kilomètres avant d’arriver chez nous.

Les designers de la gourde Zeste
Clara Rivière et Christopher Santerre, les designers de la bouteille Zeste / Crédit : Zeste.

À force de persévérance, après deux années de travail et de recherche, Pierre réussit à élaborer une gourde en inox “simple paroi”, dessinée par les deux designers Clara Rivière et Christopher Santerre. Objectif atteint : l'objet est entièrement fabriqué dans l'Hexagone. Pour résumer, trouver comment transformer l’inox n’a pas été une mince affaire. “Pour faire du Made in France, le plus dur c’est de trouver un financement et des industriels. Pour l’inox, j’avais contacté toutes les usines de France… Les planètes se sont alignées en juin 2020. Nous avons eu une réponse de Degrenne, une Entreprise du Patrimoine Vivant. Ce sont des spécialistes de l’inox, mais il a fallu détourner certains usages ou machines”, raconte Pierre.

Bretagne et Normandie

En pratique, cela a demandé de gros investissements, par exemple dans des outils d’emboutissage. “Nous sommes fiers de ce modèle. Même si ce n'est pas un satellite, c’est un projet très complexe !”, assure l'entrepreneur. Le corps de la bouteille est donc élaboré en Normandie, avec de l’inox provenant d’Italie, d’Espagne ou de Belgique en fonction des disponibilités, tandis que le bouchon vient de Bretagne.

Des mains avec une bouteille Zeste
Zeste

La petite entreprise, qui a déménagé à Nantes cet été, se développe tranquillement. “Entre janvier 2019 et janvier 2021, j’ai travaillé seul, ou avec des stagiaires. Aujourd’hui, nous sommes trois dans l’équipe, et bientôt cinq dès septembre”, dit Pierre. Zeste va continuer à développer ses produits et participer à ses salons.

Est-ce qu'une gourde en inox avec une double paroi isotherme 100% française existera dans le futur ? À ce jour, impossible de dire quand elle pourra voir le jour. Les machines présentes en Europe ne le permettent pas. Le procédé utilisé, “l’hydroformage, est très spécifique, surtout pour ces épaisseurs. C’est un projet industriel lourd”. Alors, en attendant, Pierre a trouvé des solutions de contournement : des housses en néoprène issu de chutes de tissu, fabriquées en Vendée. Abritées dans leur petit pochon isotherme, les bouteilles Zeste restent bien au chaud (ou au froid)! 

Femmes avec une bouteille Zeste
Zeste

“Nous avons une croissance raisonnée, avec un fonctionnement assez traditionnel et sans levées de fonds incroyables… Le client est au cœur de notre démarche”, souligne le créateur de Zeste. D'ailleurs, depuis ses débuts, Zeste a toujours beaucoup consulté sa communauté, sur tous les sujets : nom, couleurs, finition, forme… “On a fait beaucoup d’entretiens qualitatifs et d’études quantitatives, glisse Pierre. Le jour de notre interview, il explique : “La semaine prochaine, des personnes viennent pour tester des prototypes, imprimés en 3D.” Pourquoi ? “On n’a pas la science infuse et consulter les consommateurs permet de ne pas se tromper. On veut une production responsable, durable, indispensable. On ne veut pas faire un gadget. On ne fera jamais de gourdes connectées !”

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À propos de l'autrice
Lucie de la Héronnière
Responsable éditoriale
Lucie a travaillé pendant une dizaine d'années pour la presse et l'édition. Sa spécialité ? L'alimentation et ses enjeux. Pour Bien ou Bien, elle plonge désormais dans toutes les facettes de la consommation responsable.

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