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Comment préserver la qualité de l'air intérieur ?

Comment préserver la qualité de l'air intérieur ?

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On se sent souvent démunis face à la pollution atmosphérique. Mais chez nous, on a les clés pour préserver l’air ambiant. Tout dépend des caractéristiques de votre maison ou appartement, des équipements et de la façon dont vous utilisez votre logement…
Photo by Kelsey Dody on Unsplash

Bien sûr, la qualité de l’air extérieur peut influencer celle de l’intérieur. Toutefois, les enseignements de la Campagne Nationale Logements ont montré que l’air intérieur est globalement plus pollué qu’à l’extérieur. Cette campagne a permis de mesurer 30 paramètres et composés chimiques dans plus de 600 logements, entre 2003 et 2005.

En extérieur, dès qu’il y a un peu de vent ou de la pluie, la qualité de l’air est bonne, voire très bonne. D’ailleurs les pics de pollution sont intimement liés aux conditions météorologiques ! Dès que plusieurs belles journées ensoleillées se suivent, les masses d’air sont statiques et les polluants émis restent bloqués à basse altitude. 

De plus, un logement, que ce soit un petit appartement ou une grande maison, reste une enceinte fermée. Or, les sources de dégradation de l’air intérieur sont bien nombreuses au mètre carré : l'humidité générée par les douches, le séchage du linge ou la cuisine, les composés chimiques émis lors de la cuisson, les occupants eux-mêmes, le développement de moisissures, le ménage, le mobilier, le bricolage, le chauffage au bois... Alors, que faire ? Quels sont les bons gestes à avoir dans la vie quotidienne ? En fait, trois facteurs interdépendants conditionnent la qualité de l’air intérieur : les caractéristiques du logement, ses équipements et ses usages. 

Les caractéristiques du logement 

L’idée n’est pas de remplacer un professionnel du bâtiment mais d’être vigilant sur quelques points. Surtout, la clé est de réagir rapidement, pour ne pas laisser la situation empirer. 

Une odeur de renfermée inhabituelle et/ ou persistante, l’apparition de taches noires au plafond, dans les coins ou autour des fenêtres, un papier peint qui se décolle… Tous ces signes indiquent un désordre d’humidité : un défaut d’isolation, une fuite de tuyauterie, des infiltrations du toit ou du sol, un conduit de ventilation obstrué… Cela s’accompagne toujours de développement de moisissures qui dégradent les murs et peuvent entraîner des réactions allergiques. Au moindre signe, on contacte un professionnel et pour avoir de bons conseils.

On peut aussi contacter la plateforme FAIRE. Ce dispositif public a été créé pour accompagner les particuliers dans les travaux de rénovation énergétique de leur logement. Il vous permet de contacter des conseillers et de trouver des professionnels qualifiés. 

Table, chaise et fenêtre ouverte
Photo by Vruyr Martirosyan on Unsplash

La présence ou l’absence d’un système de ventilation influe sur les pratiques d’aération. La mise en œuvre d’un système de ventilation a été rendue obligatoire pour toutes les nouvelles constructions à partir de 1982. Tout logement mis en location doit avoir un système de ventilation opérationnel. Si ce n’est pas le cas, vous êtes en droit de l’exiger. Pour les propriétaires, rien ne vous y oblige tant que c'est vous qui occupez le logement. Toutefois, comme vous l’imaginez, il est recommandé d’en mettre un en place ! 

La ventilation assure un renouvellement permanent et autonome de l’air, elle est le système pulmonaire du logement. Lorsqu’elle est absente ou défaillante, il faut essayer de compenser par une aération manuelle, en ouvrant les fenêtres. Néanmoins, afin d’assurer la pérennité de l’ouvrage et préserver la santé des occupants, il est vivement conseillé d’avoir un système de ventilation efficace ! Enfin, même en présence d’un système de ventilation, on pense à aérer lors d’activités génératrices d’humidité ou de polluants.   

Un logement neuf peut également présenter des défauts, toutefois chaque construction possède une garantie décennale dès la réception du bien. Cette garantie engage les entreprises à réparer les vices qui pourraient apparaître dans un délai de 10 ans à la livraison de la maison ou l’appartement. Pour en bénéficier, il faut que le ou les artisans possèdent une assurance professionnelle et que, de votre côté, vous ayez les factures.

Enfin propriétaire ou locataire, il est important d’assurer un suivi dans le temps et de réagir rapidement à toutes les imprévus : entretien des joints d’étanchéité et des gouttières, nettoyage des bouches d’aération… 

Les équipements du logement

  • Les meubles 

Logo label NF Environnement ameublement
NF Environnement ameublement

Les études menées par l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur, l’INERIS (Institut national de l'environnement industriel et des risques) ou encore les Associations de surveillance de la qualité de l’air ont toutes mis en évidence l’impact du mobilier neuf sur la qualité de l’air intérieur. Malheureusement, les observations faites sont impossibles à généraliser à l’échelle d’une marque de meuble, d’une période de fabrication ou des matières utilisées. 

Logo label Ecolabel Européen
Ecolabel Européen

Afin de protéger les consommateurs, une consultation publique concernant “l’étiquetage des produits d’ameublement sur leurs émissions en polluants volatils”, sur le même modèle que pour les produits de décoration, a été lancée en 2017 par le Ministère de la Transition Écologique. Pour le moment, l'arrêté et le décret sont toujours en phase de projet. Alors en cas d’acquisition d’un nouveau meuble, les meilleurs alliés restent les labels NF Environnement ou Écolabel européen et/ ou les meubles en bois brut non traité, ainsi qu’une aération prolongée jusqu’à ce que "l’odeur du neuf" se dissipe.

  • Le chauffage au bois

C'est un équipement en voie de disparition... Mais qui concerne encore quelques maisons et appartements : la cheminée à foyer ouvert. Ce sont toujours de belles œuvres, témoins de l’histoire, qui offrent un cachet à la pièce. Le problème, c’est qu’elles polluent plus qu’elles ne chauffent !

Parce qu'elles sont ouvertes, la combustion est de mauvaise qualité. Elle entraîne deux conséquences principales : d’une part, le rendement énergétique est très faible. D'autre part, cette combustion incomplète génère de nombreux polluants problématiques : des hydrocarbures aromatiques polycliques (HAP) dont le benzène, des particules fines dont le carbone suie, des COV, du monoxyde de carbone, des oxydes d’azote... S’asseoir devant sa cheminée ouverte revient à peu près à s'asseoir derrière un pot d’échappement ! Les cheminées et poêles à foyer fermé vieillissants (de plus de 20 ans) sont aussi des sources de pollution de l’air.

Parfaitement documentés, ces feux de cheminées contribuent davantage à la pollution en particules fines que le trafic routier. Dans la vallée de l’Arve, près de Chamonix, 60 à 70% des émissions de particules fines sont liées au chauffage au bois (source). De fait, à partir du 1er janvier 2022, tous les foyers ouverts seront interdits dans cette vallée.

Alors pour limiter la dégradation de la qualité de l’air à la maison comme à l'extérieur, vous pouvez adopter les bonnes pratiques suivantes : 

  1. A minima, ajoutez un insert à la cheminée ouverte. 

  2. Si votre cheminée ou poêle (même avec insert) a plus de 20 ans, il est temps d’en changer ! Pour les appareils datant d’avant 2002, vous pouvez peut-être bénéficier d’une aide. Renseignez-vous auprès de votre commune ou métropole ! 

  3. Pour un nouvel achat, optez pour un poêle avec le label flamme verte, 7 étoiles. Faites-vous conseiller pour avoir un poêle qui correspond à vos besoins. L’idée est d'utiliser l'appareil à plein régime afin que la combustion soit presque complète. Il faut donc que l’appareil soit bien dimensionné à la surface du logement. S’il est trop performant, vous l’utiliserez au ralenti… Et donc vous polluerez.

  4. Plus le bois est sec, meilleure est la combustion. Elle génère peu de sous-produits, c’est-à-dire des polluants. Ainsi, les granulés et les copeaux de bois sont la meilleure option. En cas d’approvisionnement en bûches, il faut se tourner vers le bois labellisé qui contrôle le taux d’humidité : "France bois bûche", "NF bois de chauffage" ou  "ONF Énergie bois".

  5. Enfin, chaque année le conduit doit être ramoné de manière mécanique. Le ramonage “chimique” n’est pas suffisamment efficace. L’association de défense des consommateurs UFC Que choisir l’a pointé du doigt à de nombreuses reprises.

Les usages quotidiens à la maison

  • La fumée de cigarette est le polluant n°1 dans le logement 

Elle concentre tous les polluants connus et ayant des effets délétères sur la santé : des métaux lourds (cadmium, arsenic, plomb, mercure…), des particules fines, le benzène et formaldéhyde, des éléments radioactifs (polonium 210, uranium 235 et uranium 238), des pesticides (pyrène, DDT…), etc. La ligue contre le cancer et la FDA (l'Administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments) détaillent avec précision la composition. 

Familier du tabagisme passif, connaissez-vous le tabagisme de troisième main, également nommé tabagisme ultra-passif ? Ce tabagisme ultra-passif rend inefficace l’action de fumer à sa fenêtre. Il définit la persistance de la fumée de cigarette dans l’environnement intérieur même après l’avoir éteinte. En effet, les polluants émis dans la fumée de cigarette vont se déposer dans le logement, sur toutes les surfaces et en particulier les textiles. Elles vont pouvoir être remises en suspension dans l’air lors de brassages d’air liés aux mouvements et déplacements, pour être à nouveau inhalés.

Ainsi, le premier conseil est de toujours fumer à l’extérieur en refermant la porte derrière soi. Pour les parents d'enfants en bas âge, le second conseil est de porter une surblouse ou une chemise lorsque vous fumez à l'extérieur, pour pouvoir l’enlever avant de prendre votre enfant dans les bras, pour ne pas l’exposer aux polluants incrustés dans les textiles.   

  • Les produits d’entretien

Dès 2011, l’INERIS avait déjà publié un rapport sur la pollution intérieure générée par les produits de grande consommation (produits d'entretien, bougies parfumés…). L’Ademe (Agence de la Transition écologique), le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) et toujours l’INERIS se sont intéressés spécifiquement à l’impact des produits d’entretien conventionnels et faits-maison. Ce rapport publié en 2019, nous donne des indications très précises : 

  1. La pollution chimique engendrée par leur usage est très forte dans la demi-heure qui suit, puis décroît jusqu’à retrouver une situation normale 3 heures après. Il est donc conseillé de bien aérer les pièces juste après avoir fait le ménage. 

  2. Les produits faits maison, contenant une quantité importante d’huiles essentielles, conduisent à des niveaux d’émissions en COV totaux très élevés. Dans les produits d’entretien, le seul intérêt à utiliser des huiles essentielles est d’ajouter un parfum.

  3. Les produits les plus émissifs sont les nettoyants conditionnés en spray. Privilégiez donc les produits en bouteille, à verser sur une lingette ou une éponge avant usage.  

Pour bien choisir vos produits d’entretien, référez-vous aux pictogrammes de danger et privilégiez les produits labellisés et/ ou les produits de formulations simples (vinaigre ménager, bicarbonate de soude, copeaux de savons...).

  • Les parfums d’ambiance, les bougies parfumées, l’encens et le papier d’Arménie

Bougie allumée
Photo by Paolo Nicolello on Unsplash

Contrairement aux produits d’entretien qui ont un impact ponctuel, limité dans le temps, les parfums d’ambiance, les bougies parfumées et l’encens peuvent dégrader la qualité de l’air intérieur pendant plusieurs heures consécutives. 

Les parfums d’ambiance n’ont rien d'essentiel dans le logement, si vous pouvez vous en passer, c’est l’idéal ! Si toutefois pour certaines pièces, un parfum vous semble nécessaire (comme dans les toilettes par exemple), choisissez plutôt un parfum qu’on actionne au besoin, en évitant ceux qui diffusent en continu, ceux qui s’activent sur le passage ou à un intervalle de temps régulier.

Les bougies parfumées présentent les mêmes inconvénients que les parfums d’ambiance avec des émissions de COV plus ou moins importantes. Il existe une très grande disparité entre les bougies parfumées, selon leur formulation. Par contre, les simples bougies, sans odeur, ont quant à elles un impact quasi négligeable sur la qualité de l'air intérieur. 

L’encens et le papier d'Arménie génèrent un phénomène de combustion et, à ce titre, ils vont émettre des polluants chimiques problématiques comme les HAP, le benzène, le formaldéhyde et des particules fines. Tous ces polluants caractéristiques des phénomènes de combustion sont également émis par la fumée de cigarette, les pots d’échappement, les cheminées à foyer ouvert... Même si les concentrations ne sont pas les mêmes !

Sans s'interdire de les utiliser, il est intéressant de se demander pourquoi on les utilise, car dans de nombreux cas ils sont utilisés avec l’illusion qu’ils améliorent la qualité de l'air intérieur. Ces produits peuvent très bien être utilisés pour un moment de détente et de bien-être, de manière ponctuelle, en complément d’une aération après usage. 

  • Le bricolage et les travaux

Lors de travaux dans votre logement, privilégiez des produits peu émissifs identifiables par des labels et étiquettes. Selon les travaux, des équipements individuels pour protéger ses voies respiratoires, ses yeux et ses mains peuvent être nécessaires. 

  • L’aération quotidienne

Le plus important pour la fin ! En complément de la ventilation, il est essentiel d’aérer 10 à 15 minutes, deux fois par jour, surtout le matin dans les chambres pour évacuer l’humidité et les odeurs générées pendant la nuit. Lorsque les journées sont très fraîches, on privilégie les courants d’air en ouvrant toutes les fenêtres en même temps. Ce coup de vent intérieur renouvelle l’air en 5 minutes top chrono ! 

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À propos de l'autrice
Elodie Lapierre
Rédactrice spécialisée en santé environnementale
Titulaire d’un Master Méthodes de Recherche en Environnement, Santé et Toxicologie, Elodie a à cœur d’informer et de sensibiliser aux idées reçues afin de permettre à chacun et chacune de faire des choix éclairés.

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