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Le coton bio, une bonne alternative au tissu conventionnel ?

Le coton bio, une bonne alternative au tissu conventionnel ?

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Le coton est certes une matière naturelle, mais il est loin d’être sans défauts, puisque sa culture consomme énormément d'eau et de pesticides dans le monde. Le coton biologique peut être une bonne alternative... À condition de bien scruter les étiquettes et les labels.

"79 milliards de mètres cubes d’eau sont employés chaque année dans le monde pour la fabrication textile. C’est la culture des matières premières qui exige ces quantités importantes, en particulier le coton. Selon l’organisation Water Footprint Network, celui-ci constitue le troisième consommateur d’eau d’irrigation au niveau mondial : en moyenne il faut 5 263 litres d’eau pour en produire 1 kilo, alors que les zones géographiques où il est cultivé connaissent une pénurie d’eau potable", écrit Majdouline Sbai dans son livre Toujours moins cher mais à quel prix ? Huit solutions pour une mode éthique (Flammarion).

En moyenne il faut 5 263 litres d’eau pour en produire 1 kilo, alors que les zones géographiques où il est cultivé connaissent une pénurie d’eau potable.

Le coton est effectivement l’une des fibres les plus utilisées dans l’industrie textile. Lorsqu’il n’est pas biologique, sa culture nécessite d’énormes quantités d’eau et des pesticides. "Le coton représente 25% de la production textile mondiale. Sa culture consomme un quart des pesticides utilisés dans le monde, dont certains classés comme hautement dangereux par l’OMS", peut-on lire dans le rapport Mode responsable : le guide pour agir de Deloitte Développement Durable. L'exposition aux pesticides nécessaires à la culture du coton est ainsi néfaste pour les travailleurs et travailleuses.

Moins d'eau et de pesticides

La demande de coton biologique (c'est à dire cultivé sans pesticides, insecticides ou engrais de synthèse) explose et sa mention sur les vêtements est de plus en plus en présente. Pourquoi ? Car les consommateurs et consommatrices font désormais attention à ce qu’ils achètent. Et les marques le savent, même si 1kg de coton biologique coûte 20 à 30% plus cher que du coton conventionnel. 

Quels sont les avantages du coton bio ? Le coton biologique utilise moins d’eau car les modes de culture permettent aux sols de mieux retenir l'humidité et donc de moins irriguer. Le coton bio, c’est 98% de pollution de l'eau en moins... Et 94% d’émission de gaz à effet de serre en moins par rapport au coton conventionnel. En plus, la fertilité des sols sera bien meilleure sur le long terme grâce à une rotation des sols, ce qui permettra de mettre en place une agriculture vertueuse. Les principaux pays producteurs de coton bio sont l’Inde, la Chine, le Kirghizistan ou encore la Turquie. 

Pourtant, le coton biologique ne représente que 0,7% des quantités de coton cultivées dans le monde. Pourquoi ? Les grandes enseignes fondent encore leur modèle économique sur le volume et en exerçant une pression sur les prix. Or, le coton biologique coûte plus cher, et les labels aussi. 

Pour identifier le coton biologique, seuls les labels peuvent nous aider à y voir plus clair.

Logo GOTS
Global Organic Textile Standard

Global Organic Textile Standard

Le label de référence pour le coton biologique, c’est le label GOTS, Global Organic Textile Standard. Pour qu’un vêtement (produit fini) puisse prétendre à cette certification, il faut qu’au minium 95% des fibres du textile soient biologiques, et que toute la chaîne de fabrication, de la culture du coton à la filature, soit labellisée. Ce label garantit l’absence de produits chimiques nocifs et le respect des droits humains. 

En pratique, on a par exemple la garantie que les teintures utilisées ne sont pas dangereuses et que les droits des travailleurs et travailleuses ont été respectés.

Logo Organic Content Standard 100
OCS

Organic Content Standard 100

Ensuite, nous pouvons parler du label OSC (Organic Content Standard) 100. Ce label assure qu’il y a au minimum 95% de coton biologique dans le vêtement, mais cela ne certifie que la matière première, et non les teintures ou le respect des droits humains (contrairement au label GOTS). 

Le label Oeko-Tex est lui un label qui protège les consommateurs et consommatrices, et qui garantit l’absence de produits toxiques et de substances nocives, pour les travailleurs et travailleuses mais aussi pour notre santé et pour notre peau. Mais il ne s'agit pas d'un label biologique.

Vous trouverez également du coton labellisé BCI (Better Cotton Initiative), défini comme respectueux des humains et de l'environnement, mais pas biologique. Un label controversé, car cette certification ne garantit pas toujours la présence effective de coton BCI dans le vêtement : par exemple, à partir du moment où un filateur utilise partiellement du coton produit par l’initiative, le vêtement peut bénéficier du sigle BCI.

Enfin, nous pouvons également citer le coton Pima, originaire du Pérou et qui pousse en Amérique latine. Ce coton n’est certes pas labellisé, mais il est naturellement teint, et son milieu naturel l’a rendu très résistant, donc il nécessite peu d’eau et peu ou pas d’engrais pour pousser, ce qui en fait un coton naturellement biologique et pas toxique. 

Et l'éthique ?

Attention, rappelons qu’un vêtement en coton biologique (hormis le label GOTS) ne veut pas dire que le vêtement est éthique. Car un t-shirt en coton bio à 5€ ne devrait pas exister... Bio ou non, cela veut dire que la marque n'a pas payé des salaires vitaux aux personnes qui ont cultivé la fibre ou fabriqué le vêtement. La question sociale est souvent évacuée derrière l’écologie et un label biologique. 

Enfin, gardons bien en tête que que le coton, bio ou pas bio, est cultivé dans des pays lointains. Il faut prendre en compte les impacts des transports ! Seule 1% de la production mondiale a été récoltée dans l'Union européenne en Grèce, en Espagne, et en Bulgarie sur une très petite superficie. En France, trois agriculteurs ont fait le pari de récolter du coton, dans le Gers... Mais les quantités restent minuscules.

Pour conclure, avant d’acheter un vêtement en coton, vérifiez le label qui se cache derrière. Evitez le coton traditionnel et privilégiez un textile certifié GOTS, pour vous assurer à la fois du caractère écologique (coton biologique) et du caractère éthique (droits humains respectés) du vêtement.

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À propos de l'autrice
Chloé Cohen
Journaliste engagée
Chloé Cohen est journaliste et créatrice du podcast Nouveau Modèle sur la mode responsable. Après 3 années passées à New York comme correspondante, Chloé s’est spécialisée dans les problématiques environnementales et sociales de l’industrie textile.

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