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À la Saint-Valentin, les roses rouges ne sont vraiment pas de saison

À la Saint-Valentin, les roses rouges ne sont vraiment pas de saison

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Offrir des roses rouges en février, c’est comme préparer une salade de tomates en plein hiver : complètement hors-saison. Ces flamboyantes fleurs ont donc sans doute fait un long voyage depuis l’Equateur, le Kenya ou un autre pays producteur au climat plus favorable. Mathilde Bignon, co-fondatrice de Désirée Fleurs, nous explique le problème... Et la solution : les fleurs locales !
Des renoncules - iStock.com/ Anastaciia Petrova

Aujourd’hui, seulement 15% des fleurs coupées achetées en France ont été cultivées dans l’Hexagone. Pourtant, il existe des champs colorés et des fleuristes engagés aux quatre coins du pays ! Comme Mathilde Bignon, co-fondatrice de Désirée, fleuriste et café parisien, qui ne travaille qu'avec des productrices et producteurs installés en France ou à proximité immédiate. Elle nous explique pourquoi offrir des roses rouges en ce moment n'a pas vraiment de sens...

Offrir des roses rouges à la Saint-Valentin n’est pas une très bonne idée d’un point de vue social et environnemental… Pourquoi ?

Mathilde Bignon : En France, la saison naturelle de la rose, c’est de mai à octobre. En achetant des roses en février, on s’oriente donc majoritairement vers des fleurs de Colombie, d'Equateur, du Kenya ou d’Ethiopie, cultivées sous l’Equateur. Elles sont transportées en avion jusqu’aux Pays-Bas (où se trouve le plus important marché de gros du monde, ndlr), puis en camion. De plus, les salaires sont souvent très bas dans ces exploitations et les fleurs sont massivement traitées, alors que les protections des travailleurs sont sommaires. Cela pollue également les nappes phréatiques et l’environnement local. Certaines poussent aussi en hiver en Hollande : c’est certes plus proche, mais le climat n’est pas non plus propice à la rose en ce moment. Les fleurs sont donc désaisonnalisées et poussent dans des serres chauffées et éclairées 24h/24.

En France, la saison naturelle de la rose, c’est de mai à octobre.

De l'impact carbone des fleurs importées

L’impact carbone d’un bouquet de fleurs importées est estimé à 1,91 kg d’équivalent CO2 par euro dépensé en moyenne, tandis que celui d’un bouquet de fleurs locales est 10 fois moindre, 0,20 kg d’équivalent CO2 par euro dépensé (un calcul réalisé par Greenly à partir des résultats d'une thèse de Master de Rebecca Swinn, A comparative LCA of the carbon footprint of cut-flowers: British, Dutch and Kenyan). 

Alors, que peut-on (s’)offrir comme fleurs françaises en ce moment ?

M. B. : Des renoncules, par exemple, cultivées dans le Var (sous abri ou dans des serres, non chauffées sauf en cas de gel). De nombreux producteurs du département sont certifiés Global Gap, un label de haute qualité sociale et environnementale. Ces renoncules peuvent être cueillies un lundi, pour être transportées dans la nuit et arriver chez votre fleuriste le mardi. Cette fleur peut durer jusqu’à 15 jours : elle s’ouvre énormément et vit… À la différence de certaines roses qui peuvent être statiques ! À cette période, il y a aussi des anémones, du genêt, du muflier, des œillets de Nice, les derniers mimosas et les premières tulipes. Pour rendre les fleurs plus accessibles et encourager une consommation plus sobre, nous proposons entre autres des mini-bouquets de quelques fleurs d’espèces différentes de saison, au lieu de gros bouquets de 10 ou 20 roses ! Et puis, à toutes les périodes, vous pouvez vous renseigner sur les saisons des fleurs en France... Entre le Var et l’Île-de-France, nous avons des climats très différents qui permettent d’avoir des fleurs françaises toute l’année.

Un calendrier des fleurs de saison

Le Collectif de la Fleur Française propose un moteur de recherche pour trouver les fleurs de saison de ses membres, par région.

Pour connaître l'origine des fleurs, n'hésitez pas à discuter avec votre fleuriste, tout simplement !

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À propos de l'autrice
Lucie de la Héronnière
Responsable éditoriale
Lucie a travaillé pendant une dizaine d'années pour la presse et l'édition. Sa spécialité ? L'alimentation et ses enjeux. Pour Bien ou Bien, elle plonge désormais dans toutes les facettes de la consommation responsable.
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