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Jeans délavés : une fabrication problématique

Jeans délavés : une fabrication problématique

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Le pantalon en denim est un indispensable de nos placards... Aujourd’hui, les jeans délavés, avec des zones plus claires que d’autres, sont très courants. Pourtant, cette technique de fabrication n'est pas sans conséquences pour les humains et l'environnement.
Photo by lan deng on Unsplash

Depuis les années 1950, la célébrité du tissu bleu est incontestable. Véritable basique de la mode, le jeans est fabriqué massivement dans le monde entier. En effet, selon France Info, 2 milliards de jeans sont confectionnés chaque année.

Outre les énormes quantités d'eau nécessaires pour produire un jeans en coton, une technique en particulier pose problème : le délavage. La teinte bleue du denim s’estompe de manière naturelle au fil du temps, mais cela peut prendre des mois voire des années. Pour aller plus vite que la musique, il existe des méthodes pour vieillir artificiellement le tissu.

La technique du sablage

Le sablage est une technique qui permet de retirer la pigmentation du tissu. On peut donc éclaircir la toile aux endroits souhaités, ce qui donne cet aspect délavé au vêtement. Pour parvenir à ce résultat, du sable abrasif est pulvérisé sur le denim de façon manuelle avec un canon ou de façon mécanique dans une cabine. Cette technique est la plus courante pour la finition des jeans car c’est la plus économique.

Le sablage est une technique de délavage très controversée car les deux procédés utilisés (sablage manuel et sablage mécanique) nécessitent une présence humaine. Pour les ouvriers et ouvrières, cela peut conduire à une maladie grave appelée silicose, qui fut l'une des premières maladies liées au travail connues : une maladie pulmonaire incurable due à l’inhalation de poussières contenant de la silice cristalline, un composé chimique cancérogène pour l’homme. De plus, le rapport Usés ! - Les risques sanitaires dans les usines de confection de jeans en Chine, réalisé par plusieurs ONG, met en avant, en plus des effets néfastes sur la santé, les conditions de travail épuisantes et les salaires très faibles. Pour cette raison, le sablage a été officiellement banni par des grandes marques comme Levi’s ou Gucci. Il est interdit en Grande-Bretagne depuis 1950 et dans toute l’Europe depuis 1966. Si une marque détient l’Ecolabel européen, cela signifie qu’elle n’a pas recours au sablage car le label l’interdit. 

D’autres techniques de délavage

D’autres techniques sont aussi utilisées comme le ponçage avec des pierres, le "stone wash". Né dans les années 1970, c'est le premier procédé de délavage inventé. Il suffit de placer le jeans dans une grande machine avec des pierres ponces. Le mouvement répété des pierres sur le denim va provoquer l’usure voulue à la suite des frottements. 

Le "stone wash" a un impact environnemental important car il nécessite aussi l’utilisation de beaucoup d’eau. Par ailleurs, les ouvriers et ouvrières inhalent également de la poussière avec cette technique.

Depuis les années 1980, le délavage chimique est également utilisé, avec notamment les agents de blanchiment comme le permanganate de potassium ou le chlore. Cependant, ces produits chimiques sont encore une fois dangereux pour les personnes qui travaillent le tissu.

Des techniques alternatives pour les jeans délavés ?

Il existe aujourd’hui des techniques de délavage plus propres et moins contraignantes. Le délavage au laser ou à l’ozone ne sont que très peu polluants et utilisent moins de produits chimiques. Ces techniques ne sont pas majoritaires dans la production des jeans délavés. Mais la meilleure façon d'obtenir ce résultat reste de laisser votre jeans s'user avec le temps !

Qu’un jeans soit délavé ou non, sa production est sujette à de nombreuses problématiques. Selon l’Agence de la Transition écologique (ADEME), un jeans parcourt environ 65 000 km, soit 1,5 fois le tour de la planète, avant d’arriver en magasin.

Certaines marques tentent de changer les choses, comme Le Gaulois, qui confectionne des jeans en lin normand avec des partenaires français.

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À propos de l'autrice
Filomène Netter
Rédactrice
Rédactrice pour Bien ou Bien, Filomène travaille sur la responsabilité sociétale des entreprises à l'école de commerce de Montpellier. Se sentant concernée par ce sujet, elle vous partage ses connaissances.

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