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En 2017, 100% de votre gamme venait de Chine. Aujourd’hui, 92% de vos produits sont fabriqués en France. Depuis vos débuts, comment avez-vous fait évoluer la marque en direction du Made in France ? 

Nous avons lancé la marque J’aime mes dents - l’ancien nom d’Apimani - fin 2016, avec une campagne de financement participatif sur Ulule. Notre promesse : une brosse à dents en bambou sur abonnement à 1 euro par mois. Cela correspondait à différents enjeux : le besoin d’un objet plus naturel, d’abord, puisque sur les 180 millions de brosses à dents vendues chaque année en France, 90% sont en plastique jetable. Nous voulions donc proposer une alternative, le bambou dans un premier temps (et aujourd’hui le bois français !). 

Le deuxième enjeu, c’était de proposer un nouveau service d’abonnement et donc d’accompagnement. L’Union française de la santé bucco-dentaire recommande de changer de brosse à dents tous les 3 mois. Et donc d’utiliser 4 brosses à dents par an… Alors que la moyenne française est à 2,5 ! Là, plus question d’oublier ou de se perdre devant trop de choix en rayon. 

Sur les 180 millions de brosses à dents vendues chaque année en France, 90% sont en plastique jetable.

Enfin, dès 2016, le troisième gros enjeu était la provenance. L’immense majorité des brosses à dents sont produites à l’autre bout du monde. Dans cette campagne, on indiquait clairement que la brosse à dents venait de Chine… Mais que nous avions une vraie volonté de créer un nouvel écosystème en France. 

À cette époque, il n’y avait qu’un seul fabricant de brosses à dents en France. Nous lui avons présenté notre projet. On se connait très bien, mais nous n’avons jamais réussi à travailler ensemble. Notre seule solution a donc très vite été de devenir nous-mêmes fabricants ! 

Quelles ont été les grandes étapes ?

En 2019, nous avons lancé notre premier produit Made in France, encore sur Ulule : une brosse à dents fabriquée en France, avec un manche 100% bois et une tête interchangeable venue d’Italie. Une grande étape pour en finir avec les imports lointains ! La collecte a très bien fonctionné et nous a confirmé que le Made in France apporte de la valeur et un réel impact. Pour les brosses à dents classiques (non rechargeables), on a réussi à trouver un nouveau partenaire en Suisse, pour élaborer des brosses en hêtre. 

Tout cela était très positif. On rapprochait déjà beaucoup la production. Mais dans un coin de notre tête, on gardait cette idée : et pourquoi on essaierait pas de devenir brossiers et fabricants français ? Avec Thomas, mon associé, nous avons accéléré cette démarche entre 2019 et 2021. On voulait vraiment aller plus loin : maîtriser le savoir-faire, choisir les bois et les filaments utilisés, connaître le process de production pour l’optimiser. Mais aussi aller chercher de nouveaux clients car nous étions déjà sollicités pour de la sous-traitance ! Nous connaissions très bien le marché, mais nous avons dû apprendre la production… Et acquérir une machine permettant de produire des brosses à dents. Depuis 2022, nous les fabriquons donc dans notre atelier, juste à côté de nos bureaux ! 

Au-delà du Made in France, votre gamme est en réalité très locale ?

Oui, car sur une quarantaine de produits, quasiment 50% sont fabriqués en Anjou. Nous sommes basés dans le Maine-et-Loire et quand on lance un produit, on cherche des partenaires autour de nous : à Angers, dans le département, puis dans la région, en France, et enfin dans les pays limitrophes si vraiment on ne trouve pas ! 

Sur une quarantaine de produits, quasiment 50% sont fabriqués en Anjou.

Nous adhérons d’ailleurs à l’association Produit en Anjou. Ce qui nous permet de rencontrer des gens et de créer des projets. Par exemple, nous avons rencontré une personne qui fabrique des pieds de lits… Rien à voir à première vue. Mais cette entreprise nous fait les manches des blaireaux ! Cette démarche renforce le territoire. Le savoir-faire existe juste à côté de chez nous, pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour le trouver !

La gamme s’est bien étendue. En plus du Made in France, quels sont vos fils conducteurs ?

Nous fabriquons des produits du quotidien, de façon locale et inclusive (on collabore avec des ESAT). Des accessoires qu’on utilise tous les jours, pour se laver, se brosser les dents ou se peigner les cheveux… Apimani est très axé sur la salle de bain mais nous n’excluons pas l’idée d’aller vers d’autres pièces comme la cuisine ! On cherche à créer des produits malins et innovants. Et bien sûr, on vise la durabilité. L’un de nos objectifs, c’est de diminuer le plastique jetable dans les maisons. On veut aider les gens à repenser leur façon de consommer. 

J’ajoute que nous travaillons beaucoup sur l’éco-conception des produits. Ce qui est le plus impactant dans le cycle de vie d’une brosse à dents, c’est l’usage. Donc l’eau utilisée quand on se lave les dents ! On a peu d’impact là-dessus, à part via une communication adaptée.

Le deuxième plus gros impact c’est la fabrication : on maîtrise toutes les étapes donc on peut agir. Puis la fin de vie. Or une brosse à dent, c’est un manche en plastique ou en bois, des filaments en nylon et des petits bouts de métal qui permettent de tenir ces poiles. Dans une tête rechargeable, il y a donc trois matières ! Généralement, des petits objets de ce genre sont enfouis ou incinérés. Alors, chez Apimani, on essaie de mettre en place une boucle de recyclage : on a déjà travaillé sur le circuit de collecte. On a remporté un appel à projets pour approfondir le sujet du recyclage, pour voir comment réemployer les déchets de nos clients et les chutes de production. On en dira plus en fin d’année !

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