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Avec Gender Games, Inès crée des jeux de société féministes, inclusifs et éthiques

Avec Gender Games, Inès crée des jeux de société féministes, inclusifs et éthiques

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Comment mêler féminisme et jeux de société ? C'est la grande mission de la maison d'édition Gender Games. Depuis 2019, la fondatrice Inès Slim propose des jeux engagés, drôles, funs et bien pensés, pour sensibiliser, mieux représenter... Et bien sûr passer une bonne soirée.
Gender Games

Découvrir les jeux Gender Games !

Pour tester son premier jeu, Inès Slim a bricolé avec les moyens du bord : des petits papiers imprimés et soigneusement découpés, distribués aux copines et copains pour des tests enthousiastes. Depuis ce prototype fait maison, la créatrice a lancé sa propre maison d’édition de jeux de société, Gender Games

Son parcours professionnel avait plutôt démarré dans les musées. Diplômée d’une école de commerce, dans le domaine du management de l’action culturelle, elle travaille notamment au Musée d’Orsay. “C’était en quelque sorte un premier pas dans le milieu du jeu. Dans les musées, on apprend de plus en plus de manière ludique. On essaye de transmettre de manière moins descendante”, explique-t-elle. 

Pendant ses premières années parisiennes, Inès découvre la scène militante féministe et queer. “Vers 2017, au début du mouvement #meetoo, je m’investis beaucoup dans des associations pour organiser des manifestations et des évènements”, se souvient-elle. J’avais des amies engagées, comme moi. J’adore jouer. Comment réunir ces deux mondes ?”. Elle imagine donc son premier jeu, Bad Bitches Only. Le principe ? Faire découvrir un maximum de personnalités - femmes et minorités de genre qui ont marqué l'histoire et la pop-culture - à son équipe en moins d'une minute, en décrivant, mimant ou dessinant ! On croise donc Frida Khalo, Edith Cresson, Wonder Woman, Marguerite Yourcenar ou encore Alice Guy, une pionnière du cinéma née en 1873.

“Mon objectif, c’est de mettre en valeur les femmes et les minorités de genre, en gardant en tête le côté ludique”, précise Inès. Pour à la fois sensibiliser au féminisme, aborder le sujet de manière libre et légère, par exemple dans les dîners de famille, mais aussi proposer tout simplement “un jeu qui nous corresponde, par et pour les féministes”, avec une grande diversité de profils représentés. Les premiers tests auprès de ses proches sont très concluants ! Le prototype “home made” est vite amélioré grâce à une collaboration avec les graphistes du studio Acmé : “on travaille l’identité, les visuels, le nom, pour faire en sorte que la forme et le fond aillent bien ensemble”. 

Mon objectif, c’est de mettre en valeur les femmes et les minorités de genre, en gardant en tête le côté ludique.

Pas de compromis 

Au printemps 2019, Inès lance Bad Bitches Only sur Ulule : “J’ai pris la décision de m’auto-éditer, pour ne pas perdre le contrôle de la présentation et pour ne faire aucun compromis sur le contenu”. “J’étais seule, sans financement personnel. Cette campagne m’a permis de tester une nouvelle idée, de décider du nombre d’exemplaires à imprimer sans avancer des fonds, de voir quelle pouvait être l’ampleur du projet. Avec un moment de préventes défini, c’est plus facile d’embarquer les gens !”, observe Inès. 

La suite ? Inès continue à apprendre sur le tas et commence à éditer d’autres personnes. “Des femmes viennent me voir avec des idées. Je crée la structure Gender Games pour les accompagner et éditer ces jeux”... Ainsi, Léa du compte Instagram Mercibeaucul frappe à la porte de la créatrice de Gender Games. Ensemble, elles sortent Discultons avec une nouvelle campagne Ulule, un jeu de conversation autour de la sexualité. Pour Inès, “c’est un jeu pour lancer la discussion, sans tabou. Au début, nous l’avions conçu pour des personnes qui ont des relations ensemble. Mais on se rend compte que des groupes d’amis y jouent aussi ensemble. Il y a un tel besoin de parler de sexualité ! C’était donc un outil attendu, qui permet de libérer la parole”. 

J’ai pris la décision de m’auto-éditer, pour ne pas perdre le contrôle de la présentation et pour ne faire aucun compromis sur le contenu.

Karaoké

Pour l’extension de Bad Bitches Only consacrée à la musique, Inès fait une troisième campagne sur Ulule. “Là encore, je peux visualiser le nombre de personnes intéressées. Dans une maison d’édition, la difficulté c’est souvent l’impression, qui demande de gros mouvement de trésorerie”, commente la fondatrice de Gender Games. D’autres extensions naîtront ensuite, comme Feminist Warriors, avec des références plus précises, ou Queer Icons

Pour Inès, ce grand projet Bad Bitches Only est "fait pour être nourri. La liste de personnalités à mettre en avant est infinie”. Dans un document excel de plus de 1000 lignes, la créatrice a encore de la ressource et des montagnes d’idées de noms : “c’est un long travail de recherche, sur des personnalités souvent peu référencées, pour découvrir leur vie. Ensuite, il faut croiser les zones géographiques, les époques, les professions, les profils sociaux, pour trouver le bon équilibre. Je cherche à montrer des figures invisibilisées, tout en gardant un côté facile à jouer, avec des femmes comme Cléopâtre ou Beyoncé !”. À chaque nouvelle impression (en France pour les cartes, en Italie pour les boîtes), les jeux sont mis à jour, entre autres grâce aux retours des joueuses et joueurs.

Je cherche à montrer des figures invisibilisées, tout en gardant un côté facile à jouer, avec des femmes comme Cléopâtre ou Beyoncé !

Plus récemment, Gender Games a lancé Constellations, “un jeu de conversation pour parler des relations de manière plus générale, en explorant notamment l’aspect non-exclusif et en réfléchissant sur les émotions”. En 2022, Inès s’est associée avec Eva - couteau suisse, entre autre ingénieure agroalimentaire et cuisinière - et Adrien - artiste, graphiste et designer - avec toujours l’idée de développer de nouveaux projets... Et sans jamais perdre de vue les valeurs d’origine de Gender Games : “l’engagement féministe et plus généralement politique, l’inclusivité - on veut que tout le monde se sente représenté et concerné - et l’éthique dans la production et le réseau de distribution”. 

Découvrir les jeux de société féministes Gender Games !

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À propos de l'autrice
Lucie de la Héronnière
Responsable éditoriale
Lucie a travaillé pendant une dizaine d'années pour la presse et l'édition. Sa spécialité ? L'alimentation et ses enjeux. Pour Bien ou Bien, elle plonge désormais dans toutes les facettes de la consommation responsable.

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