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Nicolas, co-fondateur de Perus : "Nous cherchons à faire la prochaine action juste"

Nicolas, co-fondateur de Perus : "Nous cherchons à faire la prochaine action juste"

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Tout a commencé au cœur de la Cordillère des Andes. Armand, Henri et Nicolas, jeunes diplômés voyageurs, dessinent les contours de leur futur projet : une marque de mode responsable, inspirée par l'Amérique latine, avec une portée sociale forte. De la première campagne de financement participatif sur Ulule à la recherche de matières innovantes, Nicolas nous raconte l'histoire de Perus.
Perús

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Été 2014. Armand, Henri et Nicolas, fraîchement diplômés d’une école de commerce, s’envolent vers l'Amérique du sud. Sacs sur le dos, les trois jeunes gens baroudent au Pérou... Et notamment à Cusco, l'ancienne capitale de l'Empire inca, lovée dans la Cordillère des Andes, à plus de 3000 mètres d'altitude. Au hasard d’un marché, ils découvrent des baskets ornées de motifs incas. C’est le déclic, le coup de cœur : comment partager ces chaussures avec le monde entier ? Au cours du périple, l’idée d’une marque de sneakers fabriquées à la main au Pérou grandit peu à peu : “on a commencé à réfléchir au lancement. À la manière d’avoir une portée sociale. On ne parlait que de ça, on était très inspirés !”, raconte Nicolas. Du Machu Picchu à l'autre bout du pays, les réflexions bouillonnent.

En septembre, le trio rentre en France, bien décidé à mettre en pratique les discussions largement entamées autour de pisco sour. Business plan, prise de contact avec les fournisseurs péruviens, réception des prototypes, prises de vue des modèles… La concrétisation ne traîne pas. “En parallèle, nous nous sommes demandé quelle était la meilleure façon d’avoir un impact positif sur la population locale, avec une portée mesurable. Nous nous sommes vite orientés vers l’éducation. Nous entrons alors en contact avec l’association Los Chicos de Cusco”, explique Nicolas.

Los Chicos de Cusco

Cette ONG française supporte humainement et financièrement (salaires des professeurs, achat des uniformes et du matériel, repas, construction et entretien...) des établissements scolaires péruviens autonomes et entièrement gratuits. Dans le pays, les frais de scolarité sont en effet trop élevés pour une partie de la population. Dès le début, la jeune marque, baptisée très naturellement Perus, décide de donner 1 euro à ce projet pour chaque paire vendue, ce qui correspond au financement d'une journée d'école.

Nous nous sommes demandé quelle était la meilleure façon d’avoir un impact positif sur la population locale, avec une portée mesurable.

Les pulls en alpaga de Perús
Pulls en alpaga / Perús

En décembre 2014, la première campagne Ulule est prête. C’est un succès, la 4ème meilleure campagne de crowdfunding de l'année sur la plateforme : “en une journée, 200 paires sont parties. En un mois, nous sommes arrivés à 2000 préventes”. “Cela nous a permis de faire une énorme opération de communication. Il y a eu un vrai engouement autour du projet. La campagne a validé l’idée, créé la communauté et financé les premiers stocks”, observe Nicolas. Bien sûr, le chemin n’est pas sans embûches : le premier fournisseur, situé à Arequipa, la deuxième ville du pays installée aux pieds de trois volcans, s’avère trop petit pour assurer les quantités commandées. Perus prend du retard et doit trouver un autre atelier. Mais les clientes et clients restent patients !

La campagne Ulule a validé l’idée, créé la communauté et financé les premiers stocks.

Malgré les mois d’attente, les bases sont posées. “Depuis, nous avons ce modèle hybride : sauf exceptions, tous les lancements sont faits en précommande. Ensuite, nous vendons sur stocks, prévus à partir des précommandes”, précise Nicolas. Une manière d'éviter la surproduction ! Après ce ballon d’essai, la fine équipe développe des collections (notamment via 5 autres campagnes Ulule, d’ailleurs) : sneakers en cuir, pulls, sacs… Toujours inspirés par le continent sud-américain. Fin 2018, la marque ouvre même sa boutique à Paris, dans le Marais.

Relocalisation

En 2020, nouveau cap : “nous étions de plus en plus sensibles à notre impact environnemental, que l’on évaluait jusqu’à présent moins que notre impact social. Nous étions face à ce dilemme éthique : comment faire pour réduire notre impact carbone, en respectant l’ADN de la marque et sans faire d’appropriation culturelle ?”, se rappelle Nicolas. La solution trouvée : une relocalisation progressive au Portugal et en Espagne, avec une évolution des produits, des motifs créés en interne et plus librement inspirés du Pérou. L’objectif ? 100% de fabrication européenne d’ici un ou deux ans. 

Comment faire pour réduire notre impact carbone, en respectant l’ADN de la marque et sans faire d’appropriation culturelle ?

Perus continue à soigner ses matières : coton bio certifié GOTS, laine d'alpaga provenant d'élevages extensifs (où ces camélidés andins vivent à l'état semi-sauvage) pour les mailles, tanneries certifiées Leather Working Group (LWG) pour le cuir des sneakers... La marque est aussi à la recherche de matières innovantes, de nouvelles alternatives. Ainsi, dans les baskets Nieve, la semelle est composée de caoutchouc et de 20% de "rice shell", un matériau fabriqué à partir de l'écorce du riz, généralement jetée.

Fierté

Aujourd’hui, l’équipe de Perus, c’est 6 personnes. Henri et Armand sont partis voguer vers d’autres horizons en 2020 et 2021, mais Nicolas tient la barque. “C’est un peu mon bébé ! rigole-t-il. J'ai touché à tout dans l'entreprise, du développement produit à la vente, en passant par la paie et les ressources humaines. Mais le plus gros kiff, c’est de passer d’une idée à un produit fini. En réduisant le plus possible l'impact environnemental et en ayant une action sociale positive. C’est une source de fierté”

Du côté de Los chicos de Cusco, la marque finance toujours un jour d’école par produit vendu. Ce qui représente entre 20 et 30% de ses bénéfices. “Nous avons déjà versé plus de 80 000 euros à l'association, soit une année d’école pour plus de 400 enfants, dit Nicolas. Je sais que nous ne sommes pas parfaits. Mais nous cherchons toujours à faire la prochaine action juste”. 

8 ans après son lancement sur Ulule, Perus est de retour avec une nouvelle campagne de financement participatif, pour les baskets Rio, éco-conçues et fabriquées localement.

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À propos de l'autrice
Lucie de la Héronnière
Responsable éditoriale
Lucie a travaillé pendant une dizaine d'années pour la presse et l'édition. Sa spécialité ? L'alimentation et ses enjeux. Pour Bien ou Bien, elle plonge désormais dans toutes les facettes de la consommation responsable.

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