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Cannelle, fondatrice de Kitiwaké : "les pratiques douces font du bien à la tête et au corps !"

Cannelle, fondatrice de Kitiwaké : "les pratiques douces font du bien à la tête et au corps !"

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Cannelle Vigroux adore le bobsleigh et le yoga. Le ski et la méditation. L'adrénaline et l'apaisement. Quand elle lance Kitiwaké en 2017, cette styliste de formation choisit de se concentrer sur les pratiques douces, en créant des vêtements permettant de se sentir bien dans son corps. Sa marque entend aussi avoir un impact le plus léger possible, grâce au choix de matières durables et d'une fabrication européenne. Portrait de cette sportive engagée et fan de grands espaces.
Kitiwaké

Retrouvez tous les vêtements de Kitiwaké !

Kittiwake, c’est le nom d’une mouette. Une habitante du Grand Nord, sacrément résistante aux conditions extrêmes. Plus précisément appelé “black-legged kittiwake” en anglais, cet oiseau vit au large et s’approche des flancs des falaises pour faire son nid. “Passionnée par les aventuriers comme Mike Horn ou Nicolas Vanier, j’étais allée au Pôle Nord peu avant la création de la société. Ce voyage m’a vraiment marquée. J’ai été bouleversée, je me suis sentie réellement spectatrice de la nature. Le quotidien avait disparu, malgré le froid. En même temps, on recherchait là-bas la chaleur, le bien-être. J’ai eu envie que cette expérience soit dans l’ADN de la marque, explique Cannelle Vigroux. À une lettre près, le volatile sauvage inspirera donc le nom de Kitiwaké : des vêtements pour les "soft practices", les pratiques douces comme le yoga, les pilates ou la méditation.

Avant l'entreprenariat et la banquise, Cannelle a grandi à deux pas de Paris, à Saint-Cloud, mais a passé beaucoup de temps chez ses grands-parents, près du lac d’Annecy. “La région est un immense terrain de jeu pour le ski, la natation, la voile… J’ai grandi dans une famille très sportive et montagnarde. J’ai aussi fait beaucoup de gym en compétition… Mais je n’étais pas très bonne élève, j’ai eu un parcours scolaire chahuté et pas très assidu”, raconte-t-elle. Au moment de choisir sa voie, la jeune sportive s’interroge sur le métier de nez, puis s’oriente finalement vers une prépa à l’école d’art Penninghem, avec l’idée de dessiner des flacons de parfum. Mais la mode l’attire aussi, “plus pour le côté “se sentir bien dans ses pompes””... Cannelle enchaîne donc avec une formation de styliste à l’Atelier Chardon Savard, une école de mode parisienne. 

Une femme sur un bateau portant des vêtements Kitiwaké
Kitiwaké

Son projet de fin d’études est une collection de vêtements, “un vestiaire classique avec un souci de protection de soi, en réutilisant par exemple des protections de moto. J’avais eu quelques temps avant un grave accident de montagne en Argentine”. Un évènement marquant qui va la mener à toujours rechercher, dans ses créations, le bien-être et le soin de soi.

Des vêtements pour se sentir bien

Une fois diplômée, Cannelle travaille pour Lacoste, fait de la retouche photo pour Vuitton ou de la vente chez Princesse Tam Tam, puis du stylisme chez une créatrice de robes de mariées sur-mesure. “En explorant ces différents domaines du monde de la mode, j’ai vu qu’il était difficile de faire évoluer ce secteur…”, constate-t-elle. Après une rupture conventionnelle, gros moment de réflexion : “mon entourage me poussait à faire ce dont je rêvais, un projet en lien avec le sport et la mode. Jusqu’à présent, je me le refusais, je ne me sentais pas à la hauteur, surtout pour l’aspect financier et commercial”.

En explorant ces différents domaines du monde de la mode, j’ai vu qu’il était difficile de faire évoluer ce secteur.

Des femmes portant des vêtements Kitiwaké
Kitiwaké

Mais voilà que Cannelle se lance. Elle suit une formation au business plan et lance Kitiwaké en 2017, accompagnée de son associée Juliette, qui a depuis quitté la société. La campagne Ulule marque le lancement de la première collection ! Dès le début, l'objectif est clair : “j’ai à cœur de faire des vêtements pour des pratiques non compétitives, pour se faire du bien et surtout ne pas se blesser… Qui s’éloignent donc de mon parcours en ski, gym ou bobsleigh : j’aime cette adrénaline, mais là, je cherche d’autres sensations, plus d’apaisement”.

J'ai à cœur de faire des vêtements pour des pratiques non compétitives, pour se faire du bien et surtout ne pas se blesser.

Cannelle pratique elle-même le yoga, malgré une maladie osseuse au poignet droit, passionnée par “le yin, cet ancrage dans la respiration, l’assouplissement. Mais je cours dès que je peux et j’ai été animatrice de gym suédoise pendant 6 ans !”. En fait, l’entrepreneuse insiste sur la complémentarité essentielle entre les différents types de sports. Et bien sûr, elle ne veut pas faire des vêtements seulement techniques : “ils doivent mettre en valeur les femmes et ne jamais gêner la pratique”. 

Made in Europe

Dès sa naissance, Kitiwaké se veut aussi une marque engagée, dans le choix de ses matières et de ses partenaires. "On pense que se faire du bien ne doit pas faire de mal" est l'un des slogans de la marque. “On a démarré avec un atelier de confection parisien. Mais on s’est vite rendu compte que c’était hors de prix et compliqué à mettre en place. On a donc doucement déplacé la production vers le Portugal, dans deux ateliers certifiés GOTS”, se souvient Cannelle.

On pense que se faire du bien ne doit pas faire de mal.

Au fil des évolutions et perfectionnements, la créatrice a choisi les tissus qui lui conviennent, toujours certifiés Oeko-Tex (et donc garantis non toxiques pour la santé ou l'environnement). Aujourd'hui, les leggings ou brassières de Kitiwaké sont fabriqués avec des matières testées et sélectionnées avec soin : “Chacune a des spécificités techniques intéressantes et particulières. Le rendu esthétique et sur la peau n’est pas le même”. Donc, en plus d'une petite part d'élasthanne pour "protéger la fibre, la rendre plus résistante et confortable", Cannelle utilise, via un fournisseur italien, un “polyamide recyclé et recyclable (même si on n'a pas encore le processus de récupération) Econyl, très technique, lisse, hyper résistant, gainant et respirant". Cette matière est issue de vieux filets de pêche ou de chutes de tissus récupérées dans des usines.

D'autres pièces sont confectionnées avec du BR4, une matière innovante et biosourcée. En effet, celle-ci est conçue à partir de graines de ricin, “une plante qui pousse en zone aride, avec peu de besoins en eau. La fibre, donc non issue du pétrole, est technique, antibactérienne, opaque, respirante, et très fine, avec une sensation de seconde peau”. Enfin, les tee-shirts ou sweats pour les soft practices sont majoritairement composés de coton biologique.

Mais tous ces beaux tissus sont chers. "C'est pour cela qu'il y a peu de vêtements techniques dans le domaine de la mode responsable. C'est une histoire de coûts. Et puis, pour les grosses enseignes de sport, c'est plus long de faire machine-arrière. Quand on est une jeune marque, on a une force de frappe plus rapide. Pour moi, cela nécessite de faire de la pédagogie pour expliquer les prix et donc les avantages de ces matières, l'impact qui n'est pas le même... Ou même la démarche de garder ses vêtements plus longtemps, en les entretenant avec soin", observe Cannelle.

Une production raisonnée

Cannelle a aussi pris le parti d'éviter la surproduction : “Kitiwaké lance une seule collection par an, loin du rythme effréné de la fast-fashion”. Depuis le début, une gamme courte de nouvelles pièces sort donc chaque été. Yoga, méditation, pilates… “Je cherche à créer des vêtements dans lesquels on se sent bien, jolis, agréables au toucher, bien coupés, et en adéquation avec ce que vivent les adeptes de ces pratiques douces”, résume la styliste. 

D'ailleurs, pour répondre parfaitement aux attentes de sa communauté, elle a lancé le Team Lab, un réseau de femmes du monde du yoga ou de la danse : “on se retrouve une fois par mois pour discuter des besoins, notamment en terme de matières et de formes”. Ces pratiquantes et expertes partagent leurs idées, échangent sur leurs envies... Avec l'objectif de "proposer des vêtements mieux pensés, mieux coupés, plus adaptés à la pratique". Elles donnent leurs avis et testent les prototypes.

Kitiwaké lance une seule collection par an, loin du rythme effréné de la fast-fashion.

Amoureuse des montagnes et de la nature, Cannelle a déménagé en 2022 dans la vallée du Grésivaudan, tout près de Grenoble. "C'est mon terrain de jeu préféré, dit la créatrice. Ce déménagement apporte un nouveau souffle à la marque". Le premier showroom de Kitiwaké a vu le jour dans un studio de pilates et de coaching à Montbonnot-Saint-Martin, l'Alp'in Studio. 2023 commence fort : Kitiwaké a lancé sa plateforme de co-création, organisé différents évènements dans les studios de la région et intégré le Village by CA de Grenoble, un accélérateur de start-up. En bref, Cannelle implante sa marque au cœur des Alpes, tout en continuant à revendiquer “pourquoi et comment les pratiques douces font du bien à la tête et au corps”. 

Retrouvez tous les leggings, brassières ou sweats de Kitiwaké !

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À propos de l'autrice
Lucie de la Héronnière
Responsable éditoriale
Lucie a travaillé pendant une dizaine d'années pour la presse et l'édition. Sa spécialité ? L'alimentation et ses enjeux. Pour Bien ou Bien, elle plonge désormais dans toutes les facettes de la consommation responsable.

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