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Avec Circle, Romain et Alex réinventent les vêtements de sport

Avec Circle, Romain et Alex réinventent les vêtements de sport

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Romain Trebuil et Alex Auroux créent des vêtements de sport beaux, techniques et recyclables, confectionnés en Europe avec des matériaux recyclés ou naturels. Avec Circle, les deux associés poursuivent depuis 2020 leur grand objectif : être le "game changer" du monde du sport, aujourd'hui dominé par des marques qui produisent au bout du monde avec des tissus synthétiques. Un vrai marathon !
©Albin Durand

Découvrez les vêtements de sport Circle Sportswear !

“Tu vois, le short d’Alex est fait de bouteilles en plastique, récupérées sur les côtes italiennes. Elles sont broyées et transformées en fil à Turin. Celui-ci est tissé à Bourgoin-Jallieu. Ensuite, le tissu est envoyé dans un atelier de Porto pour l’assemblage. Le vêtement a fait moins de 3000 km”, détaille Romain derrière la webcam, en désignant les habits de son associé, entièrement vêtu de Circle. 

Et de poursuivre : “Son tee-shirt est composé de 100% de matières recyclées, collectées et transformées en Italie et en Allemagne. Le tissu est tissé et assemblé au Portugal”. CQFD. Voilà une belle démonstration concrète des objectifs de Circle : créer des vêtements de sport à partir de matières recyclées et recyclables, avec une production entièrement européenne, de la collecte des déchets à la confection. 

Romain Trebuil, 37 ans, a eu plusieurs expériences professionnelles avant de se lancer dans ce projet. Après des études dans le campus parisien de Kedge Business School, il travaille sur l’énergie solaire chez Total - “je n’étais pas super heureux” - puis chez L’Oréal : “je prends goût à l’entrepreneuriat. C’est la manière de bosser, là-bas. J’ai pu mener des projets à impact”.

Il créé ensuite une première start-up, YOSS, pour mettre en relation les freelances et les grands groupes. En parallèle, il suit des conférences et s’intéresse de plus en plus aux enjeux environnementaux : “J’y réfléchissais beaucoup, j’avais envie de lancer un projet autour de l’économie circulaire. En 2019, j’ai eu une option de sortie de mon entreprise. Soudain, mon agenda s’est retrouvé vide, je n’avais pas l’habitude. Passionné de sport (ski, tennis, running…), j’ai eu envie d’apprendre à surfer. J'ai alors voyagé dans des endroits magnifiques, mais très pollués. En revenant à Paris, je regarde de plus en plus les étiquettes de mes vêtements de sport. Tout était Made in China ou Made in Taïwan, avec des compositions à base de pétrole. Il y avait vraiment quelque chose à faire”.

En revenant à Paris, je regarde de plus en plus les étiquettes de mes vêtements de sport. Tout était Made in China ou Made in Taïwan, avec des compositions à base de pétrole. Il y avait vraiment quelque chose à faire.

C’est là qu’il rencontre le co-fondateur de Circle, Alex Auroux, aujourd'hui 36 ans. Né en région parisienne, il est quant à lui diplômé de la même école de commerce, après un cursus à Bordeaux. Il commence par travailler dans le conseil, à Paris puis en Australie. En 2015, après la naissance de son petit garçon, il change de trajectoire : il créé la branche australienne Sport Heroes, une application mobile pour engager les communauté sportives. Ensuite ? Il rentre en France pour diriger l’équipe produit de cette start-up. Lui aussi, entame une grosse réflexion : “Je m’intéresse de plus en plus aux enjeux du réchauffement climatique. Je lis énormément de livres. Je me dis, mince, il y a urgence, c’est le moment de contribuer”. 

Petit déjeuner

Début 2019, Alex devient general manager de Class Pass France, une appli pour réserver notamment des cours de sport. À ce moment-là, Romain partage haut et fort ses idées : “je ne suis pas issu du monde de la mode ou du sport. Je ne veux pas lancer ma marque seul. Je cherche à construire une équipe”.

Deux personnes portant du Circle
Circle / ©albindurand

Au cœur de l’été, ces deux-là se rencontrent pour discuter d’une éventuelle collaboration entre l’appli et la future jeune marque écoresponsable. “Romain me présente ses plans. On parle longtemps, ce petit déjeuner dure plus que prévu et c’est le début d’une grande collaboration. Enfin un projet où mes compétences pourront être mises au service de mon envie de contribuer au monde de demain !”, se souvient Alex.

Les deux nouveaux compères s’associent donc pour fonder Circle Sportswear (pour rappeler l’économie circulaire… et les anneaux olympiques !) en bonne et due forme. “Nous commençons vraiment à avancer fin septembre 2019, avec une première équipe”, se remémore le duo.

Cinq piliers 

La marque se construit en quelques mois, autour de la circularité et de 5 piliers : l’éco-conception (notamment grâce à l’utilisation de “matériaux issus de ressources polluantes inexploitées”) mais aussi la production locale. “Nous sommes fiers de notre production européenne. Même si c’est plus compliqué, plus cher et plus long", commente Romain. L'utilisation de matières recyclées n'est pas simple non plus, mais le résultat est là : "nos vêtements sont aussi techniques que des produits non recyclés”, commente Romain. 

Nos vêtements sont aussi techniques que des vêtements non recyclés.

Troisième pilier, le business model est basé sur un système de précommande pour les lancements. La logistique et le packaging sont vertueux (pas de cargo ni d'avion, livraison à vélo dans Paris, ce qui représente plus de la moitié des commandes, packaging recyclé et minimaliste…). Enfin, dernier pilier primordial : le recyclage et l’upcycling. 

“Le modèle de la mode actuelle, c’est plus on fait mal les choses au point de vue environnemental, plus on est compétitif. C’est donc un challenge de faire mieux”, souligne Alex. D'ailleurs, la mode responsable ne s’est pas encore beaucoup intéressée au sujet du sport. Pourquoi ? “En fait, ce secteur n’a jamais été localisé. À part quelques marques comme Le Coq Sportif ou Lacoste - et encore, pas pour les produits techniques -, l’industrie sportwear s’est construite avec Nike, en Asie et avec des matériaux polluants”, explique Romain. Donc, pour fabriquer en Europe, le chemin est encore plus long. Le deuxième frein, c’est “le mélange des matières, qui rend les tissus techniques. C’est pour cela qu’il est compliqué de faire du 100% recyclé ou recyclable”

Le modèle de la mode actuelle, c’est plus on fait mal les choses au point de vue environnemental, plus on est compétitif. C’est donc un challenge de faire mieux.

Campagne Ulule

La première collection est co-designée avec 500 sportifs (qui répondent à des questionnaires sur leurs envies et besoins) et testée par une équipe d’ambassadeurs, des sportifs amateurs et professionnels. 

Début mars 2020, la campagne Ulule de Circle est en ligne. C’est rapidement un succès ! “Nous proposons des pièces multisports (running, yoga...) avec des valeurs. Avec le Covid, les gens ont fait plus de sport et ont pris le temps de regarder la composition des produits et leur origine. Aussi, pendant cette période, les gens n’avaient pas d’autres choix que d’acheter en ligne”, raconte Romain.

À l’automne, la marque connait une bonne croissance et réalise une levée de fonds pour se développer. Ensuite, les projets s’enchaînent en 2021 : collaboration avec Saint-James, ouverture de la vente dans des boutiques physiques, partenariats avec des salles de sport, "run club" ouvert à tous chaque mercredi soir…

Grosse fierté, des sportifs de haut niveau portent fièrement le logo Circle. “Début 2020, Stéphane Houdet, joueur professionnel de paratennis, a porté nos produits à l’Open d’Australie. Ils nous a dit que les vêtements étaient beaux et confortables, et que plein de sportifs lui demandaient d’où ça venait ! En 2021, il a été porte-drapeau et médaillé d'or aux Jeux Paralympiques de Tokyo, habillé en Circle”, retrace Romain. Yosi Goasdoué, champion de France de semi-marathon, arbore aussi des vêtements Circle.

Tencel

Aujourd’hui, Circle c’est une équipe de 14 personnes. La marque propose une belle collection de leggings, shorts, tee-shirts et débardeurs, et travaille sur de nouveaux produits et nouvelles matières. Une collection en Tencel (tissu écologique issu de la pulpe de bois) est ainsi sortie à automne 2021 : “Nous cherchons les matières les plus clean possible, donc pas seulement des matières recyclées. C’est un matériau neuf dans le monde du sport, que nous avons mixé avec de l’élasthanne recyclé. Cela donne un résultat très léger, technique et agréable à porter”. En 2022 la marque a sorti une collection avec Alexandra Rosenfeld et des jogging et sweats composés de 80% de micro-modal (une autre matière d'origine naturelle provenant de la transformation du bois).

Circle est aussi en train de préparer le futur recyclage de ses produits. “Nous construisons un partenariat technique avec une entreprise de Chamonix. À ce jour, on sait séparer les différents filaments, pour les remettre dans la filière et revendre ce fil à nos fournisseurs. Nous devons désormais passer à l’étape industrielle”, précise Alex. Même si le processus n’est pas entièrement finalisé, “nous faisons passer le message dès maintenant. Cela facilitera la démarche. La récupération des anciens vêtements est pensée en amont”. 

À ce jour, on sait séparer les différents filaments, pour les remettre dans la filière et revendre ce fil à nos fournisseurs. Nous devons désormais passer à l’étape industrielle.

La basket du futur

Femme portant du Circle
Circle

Quel est le plan de match de Circle pour les prochaines années ? “Nous voulons nous développer en Europe et aux Etats-Unis. Si nous distribuons plus outre-Atlantique, nous ouvrirons bien sûr des capacités de production là-bas”. Alex et Romain préfèrent rêver grand : “plus on sera grands, plus on aura de l’impact, pour faire perdre des parts du gâteau aux plus grosses entreprises. Et on veut bien sûr que le gâteau se stabilise au lieu de continuer à augmenter”.

Le duo veut aussi élargir la gamme en 2023. "Pour les JO de Paris en 2024, notre ambition est d’être devenu la marque de référence dans la catégorie du sport écoresponsable”, affirment-ils. Et puis, grand objectif pour cette même année : “Nous sortirons la Supernatural Runner, une basket de running sans pétrole fabriquée en Europe. Nous avons déjà bien avancé sur les matières (notamment une semelle en mousse faite à partir de plantes ou une tige en mérinos et Tencel...). C’est un gros challenge". Mais, comme tous les sportifs, Alex et Romain n'ont vraiment pas peur des nouveaux défis.

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À propos de l'autrice
Lucie de la Héronnière
Responsable éditoriale
Lucie a travaillé pendant une dizaine d'années pour la presse et l'édition. Sa spécialité ? L'alimentation et ses enjeux. Pour Bien ou Bien, elle plonge désormais dans toutes les facettes de la consommation responsable.

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