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Comment choisir une crème solaire durable ?

Comment choisir une crème solaire durable ?

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La protection solaire idéale ne doit ni endommager les écosystèmes marins, ni constituer un risque pour notre santé. Bien sûr, elle se doit d’être efficace à 100%. Alors, en attendant de trouver cette recette miracle, on peut actionner divers leviers pour préserver notre santé et l’environnement.
iStock.com/Estradaanton

L'une des motions adoptées en 2020 par les membres de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), dans le cadre du Congrès mondial de la Nature à Marseille (reporté à 2021) était on ne peut plus claire : il faut “protéger les récifs coralliens des produits chimiques nocifs présents dans les crèmes solaires”. Dans ces dernières, certaines substances “contribuent au blanchiment des récifs coralliens, et posent une menace à des écosystèmes de récifs coralliens en bonne santé, même lorsqu’[elles] sont à des concentrations extrêmement faibles”.

Pour les données chiffrées, entre 6000 et 14 000 tonnes de crème solaire finissent dans l’océan chaque année. Alors, en tant que consommateurs et consommatrices, que faire ?

Filtre minéral ou filtre organique ? 

Actuellement, lorsqu’on achète une crème solaire, on peut choisir entre les filtres minéraux ou les filtres organiques. Les deux sont des composés chimiques de synthèse, qui diffèrent par leurs mécanismes de protection : 

  • Les filtres minéraux réfléchissent une grande partie des rayons ultraviolets. Ils ont un effet miroir. Ce sont les seuls filtres anti-UV autorisés par les labels de cosmétiques bio. Il en existe deux : le dioxyde de titane (titanium dioxide dans la liste INCI) et l’oxyde de zinc (zinc oxide). 

  • Les filtres organiques (aussi appelés "filtres chimiques") absorbent les rayons UV pour les transformer en chaleur. Une vingtaine sont autorisés par le règlement européen des cosmétiques. Les plus utilisés sont : homosolate, benzophénone, octocrylène, camphor et ethylhexyl methoxycinnamate.

Pour connaître plus de détails sur les effets des filtres UV sur la santé, nous vous conseillons de lire notre article : "Cosmétiques : 5 familles de substances chimiques controversées".

Entre 6000 et 14000 tonnes de crème solaire finissent dans l’océan chaque année.

Les filtres minéraux sont réputés pour être inertes, à la fois pour la santé humaine et pour l’environnement. Toutefois, leur nature les rend plus difficiles à appliquer. Ils peuvent laisser une fine pellicule blanche sur la peau, pas toujours appréciable... Pour éviter cet effet, les filtres minéraux peuvent alors être présents à l’état nanoparticulaire, facilitant ainsi leur  dispersion sur la peau. Dans la liste INCI, cet état doit être mentionné entre crochets, de la sorte : dioxyde de titane [NANO] ou oxyde de zinc [NANO].

Sous la forme de nanoparticules, les filtres minéraux ne font plus du tout l’unanimité, ni pour la santé humaine, dont on peine à savoir ce qu’elles deviennent dans l’organisme, ni pour l'environnement, car leur petitesse leur permet d’entrer dans chaque organisme marin. 

Quant aux filtres organiques, ils sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens et de blanchir les coraux. Au final, on ne sait donc plus à quel saint se vouer, sachant que certains filtres minéraux et organiques peuvent avoir des effets sur la faune et la flore marine ! 

Enfin, même avec un indice de protection solaire élevé, que ce soit un filtre UV minéral ou organique, la protection n’est jamais efficace à 100%. Bref, se protéger du soleil n’est pas une mince affaire !

Les filtres minéraux sont moins pires

Aucune crème solaire n'est neutre pour l'environnement marin. Mais globalement les filtres minéraux (non à l’état de nanoparticules) sont préférables aux filtres organiques. D’où leur tolérance dans les produits solaires certifiés bio.

D’ailleurs, des pays prennent des dispositions pour préserver leurs écosystèmes marins : aux États-Unis, l'État d'Hawaï ou la ville de Key West (Floride) ont interdit la vente d'écrans solaires contenant certains filtres organiques. La République des Palaos, dans l'océan Pacifique, a aussi interdit la commercialisation et l'utilisation des produits solaires contenant au moins l’un des quatres filtres anti-UV organiques suivants : benzophenone, octocrylene, octinoxate et les substances de la famille benzylidene camphor. Plusieurs études scientifiques concordantes ont en effet mis en évidence leur rôle dans le blanchiment des coraux, les rendant plus vulnérables face aux virus, alors qu'ils sont déjà menacés par le changement climatique. Or, leur blanchiment traduit une situation de stress et de vulnérabilité pouvant entraîner leur mort prématurée. 

Néanmoins, même s’ils sont préférables, les filtres minéraux sont des composés inorganiques et non biodégradables. Ils peuvent rester à la surface de l’eau, formant un film minéral, puis se déposer sur les fonds marins. Leur devenir est encore imprécis et continue d’être étudié. 

Actuellement, il n’existe pas de label indépendant permettant de justifier qu’un produit solaire n’endommage pas les écosystèmes marins. Tous les logos et mentions évoquant ce sujet ("Reef safe", "Skin protect, ocean respect", "Coral safe"...) sont des initiatives de marques, pas régulées par une autorité tiers qui apporte son expertise et évalue objectivement les produits.

La crème naturelle et biodégradable est-elle un mythe ? 

Certaines substances chimiques d'origine naturelle ont la capacité d’absorber les UV. D’ailleurs, la chimie de synthèse ne fait bien souvent qu’imiter ce que la nature offre. C’est le cas par exemple de l'aloe vera, la tomate ou encore l’avocat : leurs pigments naturels assurent le rôle de filtre anti-UV. Malheureusement leur efficacité est toute relative. Aux État-Unis, des crèmes solaires contenant 100% d’ingrédients d'origine naturelle peuvent être vendues. Mais au sein de l’Union Européenne, ces crèmes ne sont pas homologuées par la réglementation.

De plus, ce n’est pas parce que c’est naturel que c’est biodégradable... En effet, certaines crèmes solaires formulées uniquement à partir d’ingrédients d’origine naturelle peuvent contenir de la cire (elle-même d’origine naturelle) pour lier les ingrédients entre eux, faciliter l’application et rendre la crème efficace même dans l’eau. Or, la cire est insoluble et forme une pellicule graisseuse à la surface de l’eau. 

Les crèmes solaires certifiées bio sont-elles moins efficaces ? 

Chaque année, les associations de défense des consommateurs mettent en garde contre les crèmes solaires certifiées bio. Ce serait un raccourci de dire qu’elles sont moins efficaces, car elles passent les mêmes tests que leurs homologues conventionnelles. Notamment, pour le FPS (Facteur de Protection Solaire) : il n’y a pas de différence de traitement pour des produits bio ou non.

La différence est que les fabricants de crèmes solaires conventionnelles essaient de pallier notre manque de rigueur à l'application en travaillant des formulations toujours plus efficaces. Des produits qui durent plus longtemps, qui résistent à toutes les conditions : la transpiration, les frottements, le sel, le sable, l’eau, etc. Du coup, ils multiplient les filtres anti-UV, minéraux et organiques, afin de créer une synergie.

Un produit solaire bio ne peut contenir qu'un ou deux filtres anti-UV minéraux. Mais aucun filtre n’est efficace à 100%. Alors, avec un produit solaire bio, il faut simplement être plus attentif et penser régulièrement à en remettre. 

En tant que consommateurs et consommatrices, on peut vite avoir l’impression d’être face à un choix cornélien : privilégier les formulations complexes avec plusieurs filtres anti-UV pour une efficacité à toute épreuve ou une formulation simple et risquer les coups de soleil ! Et si une partie de la réponse se trouvait dans les alternatives aux crèmes solaires ? 

Des alternatives ?

Coups de soleil, vieillissement prématuré de la peau, mélanomes et autres cancers de la peau, nous connaissons tous les risques de s’exposer longtemps au soleil sans protection. Le plus simple et le plus efficace serait alors de ne pas s’exposer du tout. Pas d’exposition, pas de risque... Et en même temps, quelle frustration de ne pas pouvoir profiter de ces belles journées ensoleillées qui font du bien au moral !

Alors, mixer les différents types de protection est une bonne solution. Dans le cadre d’un sport aquatique (kayak, paddle, surf, snorkeling...), pour limiter l’usage de produits solaires, il peut être intéressant de porter une combinaison type shorty, un maillot de bain couvrant le haut du corps ou un tee-shirt anti-UV. Il existe des versions légères développées spécialement pour la pratique du surf ou le snorkelling et disponibles en location. Les tee-shirts à manches courtes ou longues sont également particulièrement plébiscités par les parents pour protéger les jeunes enfants qui jouent de longues heures sur la plage. Complété d’un chapeau pour protéger le visage, la nuque et les oreilles, vous avez la tenue adéquate, pour les petits comme les plus grands.

Les produits solaires ont le Facteur de Protection Solaire (SPF), les textiles ont le Facteur de Protection Ultraviolet (UPF). Il suit la même classification : UPF 15, 30, 50 et 50+. Les textiles sont testés selon la norme australienne et néo-zélandaise AS/NZS 4399:2017 ou le label UV STANDARD 801. Un textile UPF 15 filtre plus de 90% des rayons UV et 98% pour un textile UPF 50+. Enfin, pour les parties du corps qui restent exposées au soleil, pour le moment, la seule solution reste la crème solaire... Composée, de préférence, d'un filtre minéral sans nanoparticules.  

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À propos de l'autrice
Elodie Lapierre
Rédactrice spécialisée en santé environnementale
Titulaire d’un Master Méthodes de Recherche en Environnement, Santé et Toxicologie, Elodie a à cœur d’informer et de sensibiliser aux idées reçues afin de permettre à chacun et chacune de faire des choix éclairés.

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