Solar Brother : "Nous voulons permettre aux gens de se réapproprier l'énergie solaire"
Solar Brother : "Nous voulons permettre aux gens de se réapproprier l'énergie solaire"
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Cuire des œufs sur un balcon parisien, cuisiner pour un groupe de randonneurs et randonneuses dans un refuge des Pyrénées, confire des aubergines et des tomates dans un jardin méditerranéen ou encore faire fondre de la glace lors d’une mission en Alaska… Voilà quelques exemples, parmi d’autres, des utilisations pratiques de la cuisson solaire. Une méthode qui ne dépend pas de la température extérieure, mais bien du rayonnement des infrarouges : quand les ombres sont tracées au sol, c’est bon !
Le soleil, ses rayons et ses formidables possibilités, c’est ce qui occupe Gilles Gallo depuis 20 ans. Issu du monde de la finance, il change de cap en 2003. En cherchant plutôt à ne surtout pas faire carrière dans ce secteur et à donner du sens à son travail… Pendant un voyage à Tombouctou, au Mali, il constate qu’un tiers du budget des familles passe dans le bois de cuisson. En rentrant en France, il décide de développer la technologie solaire concentrée. D’abord en concevant des centrales solaires pour l’industrie, puis en créant Solar Brother en 2016, avec son associé Gatien Brault, ingénieur diplômé des Arts & Métiers.
“Ensoleillons la planète !”
La base ? “L’énergie solaire est gratuite, disponible, performante et écologique”. Celle-ci peut être captée grâce à deux grandes familles de technologies. On connait toutes et tous les les panneaux photovoltaïques, qui “captent les rayons et les transforment en photons”.
Mais Gilles et Gatien se consacrent à “l’une des principales sources énergétiques de ce 3ème millénaire”, l’énergie solaire concentrée, encore peu connue au mitan des années 2010. Celle-ci ne subit pas de transformation. “C’est l’énergie directe du soleil, la plus puissante du monde. Avec cette méthode, on restitue 70% de l’énergie reçue. Ce chiffre est de 10 à 20% pour le photovoltaïque, car toute transformation occasionne une perte”, explique Gilles.
L’énergie solaire est gratuite, disponible, performante et écologique.
Le principe, c’est la règle des “3C”. Appliquée à la cuisson, cela donne : Concentration (des miroirs reçoivent les rayons et les réfléchissent vers votre bon petit plat), Captation (un récipient de couleur foncée transmet la chaleur à vos recettes) et enfin Conservation (pour bien garder la chaleur autour de vos préparations, grâce à un sac ou une vitre, par exemple). Autre gros avantage de l’énergie solaire concentrée, la fabrication des équipements a bien moins d’impact. Il faut du bois, du verre voire du plastique, une très fine couche d’aluminium... Et c’est à peu près tout.
Aussi simple que fascinant. Et cela vous rappellera peut-être votre cher Copain des Bois ou votre lointain Manuel des Castors Juniors. “Enfant, nous avons presque tous essayé de capter l’énergie du soleil avec une loupe, observe Gilles. On a appris, maîtrisé, puis oublié. Nous n’avons plus confiance en l’énergie solaire et en sa puissance”. Dommage ! Alors, “nous voulons casser les doutes, pour permettre aux gens de se réapproprier l’énergie solaire, en commençant par des petits objets”, ajoute l'entrepreneur.
Nous voulons casser les doutes pour permettre aux gens de se réapproprier l’énergie solaire, en commençant par des petits objets.
Cuisson solaire
Solar Brother s’est donc tout de suite spécialisé dans la cuisson solaire… Un domaine historiquement quasi franco-suisse, d’ailleurs ! Au XVIIIème siècle, le physicien (et pionnier de l’alpinisme dans le Massif du Mont-Blanc) genevois Horace de Saussure invente ainsi l’ancêtre du four solaire. Un siècle plus tard, le français Augustin Mouchot crée le “cuiseur Mouchot”. Dans cette veine des inventeurs, Solar Brother n’est pas en reste, puisque ses innovations ont reçu plusieurs médailles du fameux concours Lépine.
Au fil des années, Gilles et Gatien imaginent des produits solaires simples et performants, destinés au “petit outdoor”, pour les épicuriens fans de grand air : briquets, séchoirs (OMY, financé sur Ulule au printemps 2022), barbecues et bien sûr fours. Les avantages de ce mode de cuisson à l'énergie renouvelable ? Pêle-mêle : on peut cuisiner de bonnes recettes partout (bateau, camping, pique-nique…), sans combustible, gratuitement. Et ce, sans fumée ni feu !
En fonction de leur composition, ces objets sont fabriqués à 70% en France. “Aujourd’hui, nous travaillons avec des sous-traitants. Mais nous allons ouvrir dans 3 mois notre propre centre de production, un bâtiment de 600 m² dans le Var”, précise Gilles. Solar Brother privilégie les matériaux recyclés et/ou recyclables. Dans une démarche d’éco-conception à toutes les étapes du cycle de vie, la marque travaille notamment sur une fabrication adaptée à la réparation, pour prolonger au maximum la durée d’utilisation.
Open source & auto-construction
La philosophie de Solar Brother, c'est aussi et surtout de transmettre les savoirs et savoir-faire autour de l’énergie solaire. Depuis juin 2022, la marque porte l’agrément Entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS), avec comme mission de “produire et diffuser des produits à énergie solaire thermique”, pour “mettre à disposition du plus grand nombre la connaissance et l’utilisation de cette énergie”.
“Toujours avec cette volonté d’aider les gens à reprendre confiance et de démocratiser les usages, tous nos plans sont disponibles en open source via notre site. Chaque produit à sa version Do-it-Yourself !”, dit Gilles. Ainsi, avec quelques matériaux, du papier d'aluminium et un peu de temps devant vous, vous pouvez vous lancer facilement dans l’auto-construction d’un four solaire. “Le résultat sera peut-être moins esthétique, rigole le co-fondateur, mais la performance sera quasiment la même que celle d’un four fabriqué par Solar Brother”.
Tous nos plans sont disponibles en open source via notre site. Chaque produit à sa version Do-it-Yourself !
Et pour faire rayonner l’énergie solaire auprès de tous les publics, Solar Brother propose une solution pédagogique pour les enfants : SunLab, un mini-cuiseur à utiliser (avec la supervision d'un adulte !) à partir de 6 ans. Un petit four très sécurisé (pas de flamme, pas de fumée et un système d’ouverture qui permet d’éviter tout risque de brûlure) pour tester, comprendre et préparer une sympathique dînette à base de brochettes de fruits au chocolat fondu et de tartines de légumes au fromage. “C’est une vraie expérience, très simple. Pour nous, c'est important, car les enfants sont les vecteurs du changement de demain !”, commente Gilles.
Et Solar Brother diffuse ses connaissances dans son centre de démonstration, autour de thématiques comme l’auto-construction et de la cuisine solaire : “Le partage sur Internet, c’est super. Mais voir en vrai, ça rassure, dans cette optique de donner confiance”. En parallèle, l'équipe mène également divers projets en Afrique, en collaboration avec des ONG. L’entreprise fournit des plans, du matériel miroir et un appui spécifique à la mise en place d’ateliers de construction et de diffusion de connaissances auprès d’artisans locaux.
Du nouveau sous le soleil ?
Des balbutiements de la marque à aujourd'hui, le co-fondateur de Solar Brother observe une évolution des motivations : “Le côté écologique de l’énergie solaire intéresse toujours. Nous suivons cet axe depuis le début. Depuis 4 ans, le sujet de l’autonomie énergétique émerge, et encore plus fortement avec la crise sanitaire et les confinements. Enfin, depuis un an, on voit que le besoin de faire des économies d’énergie renforce la demande”. Désormais, “l’investissement d’un four solaire est rentabilisé en 2 à 3 ans, en cuisant une baguette de pain un jour sur deux”.
En septembre 2023, Solar Brother, lancera son chauffage solaire, via un financement participatif sur Ulule. Puis un distillateur solaire, pour purifier l’eau. Et même une marmite optimisée pour la cuisson solaire : “nous avons beaucoup travaillé sur le concentrateur, moins sur le récepteur. Nous allons l’optimiser !”.
Depuis un an, on voit que le besoin de faire des économies d’énergie renforce la demande.
Car la colonne vertébrale reste le pilier d’origine de Solar Brother : la bonne chère cuisinée grâce au soleil. À petite et à plus grande échelle : à Marseille, le restaurant Le Présage utilise quotidiennement son four collectif pilote depuis 3 ans. En juin et en juillet 2023, la marque a installé une petite dizaine de nouveaux “Sunchef Pro” dans des éco-lieux et restaurants, et notamment à l'Auberge La Fenière (Vaucluse), table étoilée de la cheffe engagée Nadia Sammut.
“C’est la preuve collective que cela fonctionne. Les gens mangent, apprécient… Et demandent si cela existe pour la maison ! Goûter des recettes ôte les freins”. On ne se refait pas, ce point de vue culinaire est même essentiel pour massifier la cuisson solaire en France, voire à l'international : “on met l’accent sur les recettes, partagées entre autres par notre communauté très fédérée”. Alors, de la simple pomme de terre au four solaire aux préparations plus élaborées, comme le minestrone aux fèves fraîches, le saumon rôti au fenouil ou la tatin d'endives au chèvre, quelle sera votre première recette solaire ?
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