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Pour éviter de futurs déchets, faisons durer nos objets !

Pour éviter de futurs déchets, faisons durer nos objets !

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Ils nous cernent à la maison : de nombreux objets, meubles, appareils électroménagers ou vêtements sont de potentiels futurs déchets si nous n’en prenons pas soin.

[Cet article a été initialement publié dans le guide IDÉES PRATIQUES #6 : Se mettre (vraiment) au zéro déchet : mode d'emploi, réalisé par ID L'Info Durable.]

Ces déchets sont évidemment à éviter autant que possible, non seulement pour la planète parce que leur enfouissement ou leur incinération a son lot d’impacts sur l’environnement, qu’ils ne sont pas toujours recyclables, que certains composants sont considérés comme des déchets dangereux et le fait de les remplacer par du neuf également (matières premières, énergie, transport...), mais aussi pour son portefeuille.

Quand on achète un grille-pain, est-ce vraiment pour le remplacer deux ans plus tard ? Idem pour un vêtement neuf ? Et une étagère ? Évidemment, ce n’est pas ce que nous avons en tête au moment de l’achat, sauf que c’est ce qui peut arriver bien souvent : deux ans plus tard, notre grille-pain, mal entretenu, montre de gros signes de faiblesse, notre pull présente désormais un trou sous le bras et notre étagère n’est plus en adéquation avec notre intérieur. La déchèterie ne doit alors pas être une option à envisager.

Donc, que faire ? Réparer, recoudre, ou en dernier lieu "upcycler" son objet (lui donner une nouvelle fonction, s’il ne peut plus avoir celle qu’il avait). Et en amont évidemment : entretenir et prendre soin de ce que nous possédons.

1. L’entretien, le B.A-ba

La base, pour que ses objets durent, est évidemment d’en prendre soin. Vider régulièrement le grille-pain de ses miettes, détartrer sa machine à café et sa bouilloire, mais aussi dépoussiérer de manière générale tous ses appareils électroniques, car la poussière peut être responsable de nombreuses pannes, notamment dans le domaine informatique.

Les vêtements

Pour ce qui est des vêtements, il s’agit tout simplement de respecter leur étiquette concernant le lavage (privilégier des lavages à 30°C) et le repassage, pour les faire durer dans le temps. Pensons d’ailleurs à privilégier une lessive respectueuse de l’environnement sans oublier qu’acheter moins et mieux, c’est-à-dire de l’occasion ou du neuf éthique de bonne qualité, plutôt qu’un article issu de la fast fashion, est un bon point de départ si l’on veut garder le plus longtemps possible son pull/jean/sa robe...

Zoom sur quelques solutions pour faire durer ses vêtements

Bien choisir sa lessive

Pensons à privilégier une lessive respectueuse de l’environnement, porteuse par exemple de :

L’Ecolabel Européen

Ce label écologique officiel européen assure des impacts environnementaux réduits sur l’ensemble du cycle de vie du produit. Pour les détergents textiles, il garantit plus précisément une incidence réduite sur les écosystèmes et un usage limité de substances dangereuses.

L’Ecocert

L’organisme Ecocert propose un référentiel avec deux niveaux de certification. "Ecodétergents" valorise tous les ingrédients d’origine naturelle, garantit un maximum de 5 % d’ingrédients de synthèse parmi une liste restrictive, et n’autorise aucune phrase de risque environnemental (il s’agit des annotations présentes sur les étiquettes de produits chimiques indiquant les risques encourus lors de leur utilisation). La mention "Ecodétergents à base d’ingrédients biologiques" assure un minimum de 95 % des ingrédients d’origine naturelle, un minimum de 10 % d’ingrédients d’origine biologique et aucune phrase de risque. Sinon, on peut aussi s’essayer à la lessive homemade, très facile à réaliser et sans aucun composant chimique !

De plus, n'oubliez pas de bien suivre les symboles du lavage textile (température maximal, lavage uniquement à la main...).

Les meubles

Du côté des meubles, s’ils sont en bois, il faut bien sûr les nettoyer avec des produits non-agressifs. Par exemple, il suffit de diluer un peu de savon noir dans de l’eau chaude et d’imbiber une brosse avec ce mélange, puis de frotter délicatement votre meuble en bois brut, blanc ou naturel.

L’électroménager

L’électroménager mérite quant à lui aussi une bonne dose d’attention. Plusieurs astuces permettent de le rendre moins énergivore et d’ainsi moins le solliciter (c’est mieux pour notre portefeuille également !) :

  • Ainsi, ne plaçons pas notre réfrigérateur et notre congélateur près d’une source de chaleur comme d’un radiateur ou d’un four. Pensons à ne pas les surcharger et à bien adapter leur température : 4 °C à 5 °C pour le réfrigérateur, - 18 °C pour le congélateur. Il faut également laisser au moins 10 cm d’espace derrière ces appareils pour permettre à l’air de bien circuler, et vérifier les joints des portes. Il faut aussi penser à dégivrer ses appareils tous les trois mois ou dès que la couche de givre dépasse les 2 à 3 mm. La grille arrière du réfrigérateur doit par ailleurs être nettoyée régulièrement.

  • Côté plaques de cuisson, on place un couvercle sur ses casseroles pour conserver la chaleur et l’on éteint ses plaques électriques 10 minutes avant la fin de la cuisson puisqu’elles gardent longtemps la chaleur. Mieux vaut utiliser l’éclairage du four plutôt que d’ouvrir sa porte. Il faut d’ailleurs bien vérifier l’étanchéité des joints du four.

  • Pour le lave-linge, attention à nettoyer régulièrement le filtre, à contrôler les joints et à ralentir la création de calcaire en ajoutant de temps à autre une cuillère de bicarbonate de soude dans le bac à détergent. Trois fois par an, nous pouvons aussi prévoir un lavage à vide à 60 °C avec un détartrant pour lave-linge. Si l’on dispose d’un sèche-linge, mieux vaut l’utiliser le moins possible et privilégier le séchage à l’air libre : il est également important de nettoyer régulièrement le filtre anti-peluches pour favoriser la circulation de l’air.

    Bon à savoir

    On veille à ne pas laisser ses appareils… en veille ! Mais plutôt à les débrancher. Cela est également valable pour le petit électroménager (machine à café, mixeur…), mais mieux vaut éviter de débrancher son lave-linge et son lave-vaisselle, selon l’UFC-Que Choisir, leurs veilles servant souvent à la détection des fuites d’eau. Le guide Topten répertorie les appareils de l’électroménager mais également les téléviseurs, l’informatique, les ampoules et les voitures les plus respectueux de l’environnement.

2. La réparation

Notre appareil électroménager ou électronique montre des signes de faiblesse. Plusieurs options s’offrent à nous :

Faire appel à un professionnel

Si l’un de nos objets est en panne ou cassé, ne nous précipitons pas de suite vers la poubelle. La solution la plus simple : faire appel à un professionnel. Comment s’y retrouver ? Le réseau STAR par exemple nous permettra de localiser un professionnel au plus près de chez nous, tandis que le site france-sav.fr recense les stations ou centres techniques indépendants où faire réparer ses appareils électroniques ou ménagers. Sinon, direction l’annuaire des réparateurs sur le site annuaire-réparation.fr.

Le Réseau Envie, qui œuvre à la limitation des déchets, propose également un service de réparation des appareils de l’électroménager. Il récupère les appareils auprès des collectivités, des particuliers ou des revendeurs. Une fois sélectionnés, les appareils seront réparés et nettoyés par des salariés, soumis à un contrôle de qualité, puis revendus. Chaque année, ce sont plus de 100 000 appareils qui sont rénovés grâce au réseau, ce qui permet d’éviter 5 000 tonnes de déchets.

Réparer soi-même

Il existe aujourd’hui de nombreuses solutions pour apprendre soi-même à réparer ses objets, et pas que ses appareils électriques et électroniques d’ailleurs. Pour rappel, les plus célèbres sont Repair Cafés : organisés plusieurs fois par mois, ces rassemblements permettent aux amateurs d’apprendre à réparer eux-mêmes leurs objets grâce à des experts bénévoles présents sur place et un matériel approprié mis à disposition. Pour retrouver les Repair Cafés les plus proches de chez vous, rendez-vous sur repaircafe.org.

Plus simplement, nous pouvons apprendre à réparer nos biens via Internet. La plateforme Spareka, par exemple, met en ligne des tutoriels pour nous aider à diagnostiquer la panne. Une fois celle-ci identifiée, la plateforme nous propose l’envoi des pièces détachées correspondant à la panne, accompagnées d’un tutoriel vidéo qui expliquera comment réparer l’objet en question. Si nous n’y parvenons pas, les pièces peuvent être retournées à l’entreprise et remboursées.

Sur le même principe, sosav.fr met à disposition des guides pour apprendre à réparer ses appareils électroniques soi-même, tandis que le site apreslachat.com nous permet de consulter des notices ou des manuels d’utilisation de nos produits et d’échanger sur un forum d’entraide.

Que faites-vous de vos objets en panne ou cassés ?

Selon un récent sondage d’ID, vous êtes :

  • 23 % à les jeter et à acheter du neuf.

  • 22 % à les faire réparer par un professionnel.

  • 48 % à apprendre à les réparer vous-mêmes grâce à des tutoriels en ligne ou en participant à des Repair Cafés.

  • 8 % à les relooker et à leur donner une nouvelle fonction.

Trois choses à savoir :

  • Pièces détachées

Une information sur la durée de disponibilité des pièces détachées, lorsqu’elles existent, doit être indiquée pour tous les biens mis sur le marché pour la première fois depuis le 1er mars 2015, selon la loi du 18 mars 2014 relative à la consommation modifiant l’article L. 111-4 du Code de la Consommation (sur le bon de commande, le bien ou tout autre support accompagnant le produit).

  • Garanties

Il est important de prêter attention à la garantie légale de conformité et à celle des vices cachés, dont nous bénéficions à l’achat de nos biens, mais également aux garanties facultatives telles que la garantie commerciale et la garantie constructeur. Pour faire le point sur ces garanties, obligatoires et facultatives, direction le guide "Comment faire durer ses objets" de l’ADEME.

  • Indice de réparabilité

Depuis le 1er janvier 2021, une étiquette obligatoire avec un indice de réparabilité permettant de savoir si un produit est facilement réparable ou non est apposée sur les appareils électriques et électroniques.

Les Français et la réparation

36 % des Français réparent ou font réparer leurs objets quand ils tombent en panne

45 % d’entre eux se tournent vers un professionnel

55 % d’entre eux réparent eux-mêmes

Top 8 des produits réparés : vélos, bijoux, ordinateurs, tondeuses à gazon thermiques, montres, meubles, lunettes, lave-vaisselles.

Top 8 des produits remplacés : micro-ondes, grille-pains, équipements de sport et loisir, fers à repasser, réfrigérateurs sans congélateur, cafetières, électroménager de salle de bains, imprimantes jet d’encre.

Ce qui pénalise le plus la réparation : son coût et l’obsolescence programmée.

Source : Etude réalisée par Harris Interactive pour l’ADEME en partenariat avec Fnac-Darty en mai 2019 auprès d’un échantillon de 10 028 personnes, représentatif de la population française de 18 ans et plus – 48 produits investigués

Côté vêtements, on passe en mode couture

Réparer ses vêtements, oui mais comment quand on ne sait pas le faire soi-même ? De multiples solutions existent, telles que :

Les ateliers de couture

Les ateliers de couture : ceux-ci se multiplient en France et sont l’occasion d’appréhender la couture comme un véritable loisir. Citons notamment les ateliers Bobines&Combines, qu’on retrouve dans plusieurs villes françaises (Paris, Bayonne, Montpellier, Strasbourg…). On s’inscrit et on paie en ligne son atelier. Des ateliers couture sont même désormais proposés à domicile.

Les ressourceries

Certaines ressourceries et autres lieux de seconde main proposent des ateliers de couture, comme La Textilerie à Paris.

Les retoucheurs

Les retoucheurs, moyennant un coût : on se renseigne auprès de sa mairie pour connaître les meilleures adresses de sa commune.

Les Repair Cafés

Les Repair Cafés, encore une fois, qui concernent aussi nos vêtements : pour rappel, ces lieux permettent de réparer gratuitement des vêtements (et des objets) en compagnie de bénévoles, avec le matériel approprié à disposition. Pour apprendre à réparer soi-même ses textiles, des plateformes, des blogs et des tutoriels vidéo en ligne regorgent d’astuces et de conseils : Couture Académie sur YouTube, SloWeAre, La Bobine, Pop couture…

Réparation, customisation, rien n’y fait, on ne se voit plus porter ce vêtement. Et si on le transformait en une autre pièce ? Pour ce faire, on peut se référer au livre Couture récup’ – Coudre pour résister au grand gaspillage, paru en mai 2016 aux éditions Rue de l’échiquier et signé Emmanuelle Vibert.

Pour info : zoom sur l’obsolescence programmée

Elle plane au-dessus de nous et bien souvent, nous ne pouvons pas lutter face à elle. Mais les lignes bougent peu à peu. Selon l’article L.213-4-1 du Code de la consommation, "l’obsolescence programmée se définit par l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement". Ce délit est puni d’une peine de deux ans d’emprisonnement et de 300 000 € d’amende. Le montant de l’amende peut être porté, de manière proportionnée aux avantages tirés du manquement, à 5 % du chiffre d’affaires moyen annuel, calculé sur les trois derniers chiffres d’affaires annuels connus à la date des faits.

Des associations se battent actuellement contre ce fléau, dont notamment en France, HOP, Halte à l’Obsolescence Programmée. Dans les faits, HOP précise qu’à la suite d’une plainte de sa part, "Apple a accepté de verser une amende de 25 millions d’euros, selon un communiqué de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Dans sa plainte datant de décembre 2017, l’association dénonçait les ralentissements et autres dysfonctionnements rencontrés par les iPhones 6, 6S, SE et 7 du fait de la mise à jour du système d’exploitation. Ces ralentissements, concomitants à la sortie des modèles 8 et X ont conduit de nombreux utilisateurs à remplacer leur appareil, occasionnant ainsi un impact environnemental lourd.

Après son enquête, la DGCCRF a conclu non pas à une pratique d’obsolescence programmée telle que définie par la loi mais à une ‘pratique commerciale trompeuse’, un autre délit plus commun du droit de la consommation. Il n’y a donc pas à ce jour de condamnation sur le fondement du délit d’obsolescence programmée, mais une autre plainte d’HOP est en cours d’instruction à l’encontre d’Epson, fabricant d’imprimantes".

À noter dans ce contexte que la loi de transition énergétique pour la croissance verte vise à améliorer la conception des produits en sanctionnant l’obsolescence programmée

Une adresse utile

Pour s’y retrouver et adopter les bons réflexes, le ministère de la Transition écologique et l’ADEME ont créé longuevieauxobjets.gouv.fr. Ce site propose "des conseils pratiques en tout genre, des actualités, des outils pour partager ses objets entre voisins ou encore diagnostiquer les pannes de ses appareils… Mais c’est également et surtout un annuaire grâce auquel on peut identifier rapidement les professionnels les plus à même de répondre à son besoin, qu’il s’agisse de trouver une alternative à l’achat neuf ou une solution pour éviter de jeter ce qui pourrait encore être utile".

3. L’upcycling, une option de dernier recours

"Upcycler", ou "surcycler" en français, consiste à transformer un objet devenu inutile pour lui donner une nouvelle fonction et ainsi améliorer sa qualité. Il s’agit d’un autre moyen de faire revivre ses objets… à condition de savoir comment s’y prendre. Première condition : que l’objet en question ne puisse vraiment plus remplir sa fonction principale. Deuxième : que cette transformation ne nécessite pas l’achat de nouveaux matériaux, sinon cela nous fait sortir du cercle vertueux initial... À moins d’être naturellement créatif et bricoleur, le meilleur moyen pour apprendre à faire revivre ses biens délaissés est encore de suivre des ateliers ou des tutoriels en ligne de revalorisation. Direction :

Les recycleries

Les recycleries, terme générique, sont des centres qui ont pour vocation de "récupérer, valoriser et/ou réparer, en vue de la revente, soit des biens ayant été donnés en vue du réemploi et ayant le statut de produits, soit des produits ayant le statut de déchets". Une recherche sur Lilo ou Ecosia avec le mot-clé "recyclerie" et le nom de notre commune, et l’on trouve la bonne adresse près de chez soi. Une fois la recyclerie trouvée, on découvre sur son site le programme des différents ateliers de revalorisation d’objets ou de meubles proposés, gratuits, avec une contribution volontaire, ou parfois payants.

Les tutoriels en ligne

"Un petit coup de jeune pour votre commode", "Comment donner une deuxième vie à une vieille chaise" : sur YouTube, impossible d’échapper aux tutoriels en tout genre pour revaloriser son mobilier. De même pour le "Do It Yourself" (DIY) ou la tendance du "faire soi-même". Attention encore une fois, le DIY qui nous intéresse ici est celui qui fait intervenir des objets de récupération et non du matériel neuf. Quelques suggestions : les sites maisoncreative.com ou ouiaremakers.com. Certaines grandes enseignes de bricolage y vont aussi de leurs conseils.

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