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"Nous avons l'impression de respirer tous les jours quelque chose de pur, mais cet air est pollué"

"Nous avons l'impression de respirer tous les jours quelque chose de pur, mais cet air est pollué"

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Olivier Blond est le directeur de l’association Respire, l’association nationale de lutte contre la pollution de l’air. ID lui a posé quelques questions sur l’air que nous respirons dans nos logements.

[Cet article a été initialement publié dans le guide IDÉES PRATIQUES #5: L'écologie à la maison, réalisé par ID L'Info Durable.]

Qu’est-ce que la pollution de l’air intérieur ?

Globalement, le problème de la pollution de l’air est que nous avons l’impression de respirer tous les jours quelque chose de transparent, de pur, mais cet air est pollué. Il contient tout un ensemble de molécules qui peuvent avoir un effet délétère sur la santé. En ce qui concerne la différence entre la qualité de l’air extérieur et intérieur, c’est simple. L’une est à l’intérieur des bâtiments tandis que l’autre est à l’extérieur donc essentiellement dans la rue.

Les deux pollutions n’ont pas les mêmes composants. Selon les scientifiques, il y a des milliers et des milliers de molécules chimiques différentes, donc les composants se différencient et ce n’est pas la même chose en fonction du lieu d’habitation, en centre-ville, à proximité d’un site industriel, à la campagne au milieu des champs quand il y a des activités agricoles fortes, ou à la montagne et en altitude. Cette situation est très variée selon les endroits.

Quelles sont les causes de cette pollution ?

En général, en intérieur, il y a toute la pollution extérieure qui rentre en plus de la pollution spécifique aux usages et au bâtiment en lui-même. Et parce que nous sommes dans un lieu fermé, cette pollution peut atteindre une concentration plus élevée à l’intérieur que celle que nous pouvons trouver à l’extérieur. Les sources de cette pollution proviennent des produits d’entretien, des parfums artificiels, des bougies et de tout ce qui est odorant, par exemple les bois, les peintures, les plastiques dans le papier et dans les moquettes sont tous composés de molécules chimiques qui vont se concentrer dans l’air beaucoup plus qu’à l’extérieur à cause d’un effet d’enfermement. Mais cette pollution peut aussi découler des éléments biologiques comme les acariens ou les feux de bois et de cheminée.

Quels sont les dangers et ses effets sur la santé des ménages ?

Les effets sont variés et vont dépendre des polluants. Généralement, la pollution de l’air va générer des problèmes respiratoires et d’asthme mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Aujourd’hui, celle-ci est surtout responsable de problèmes cardio-vasculaires. Une fois qu’elle arrive dans les poumons, elle passe dans le sang, elle va irriguer l’ensemble des organes, mais elle va surtout irriter les veines, les artères et le cœur. Et nous considérons aujourd’hui que la pollution de l’air est responsable de presque d’un tiers des infarctus et des accidents cérébraux-vasculaires (ou AVC). C’est la dimension globale. Puis elle peut générer des irritations au niveau respiratoire, du nez, des yeux et de la gorge, mais elle peut aussi engendrer des cancers.

Avez-vous des chiffres pour prendre la mesure de l’impact de cette pollution sur notre environnement ?

La pollution de l’air est un réel enjeu de santé public. Elle cause en France entre 50 et 70 000 morts par an. Et nous avons 500 000 morts par an en Europe et sept millions par an au niveau mondial : ce sont des chiffres officiels de l’OMS (Organisation mondiale de la santé, ndlr). Il y a un consensus absolu sur l’importance de la pollution de l’air aujourd’hui, c’est une crise sanitaire majeure et planétaire et qui tuerait autant que le Covid-19.

C’est d’autant plus important de prendre en compte la pollution de l’air intérieur, parce que nous passons environ 90 % de notre temps à l’intérieur des bâtiments, notamment pendant le confinement et le télétravail. Donc si ces endroits fermés sont pollués, cela signifie que nous allons respirer dans 90 % du temps des molécules toxiques. Mais les deux pollutions de l’air, qu’elles soient extérieures ou intérieures, vont en diminuant parce qu’il y a des réglementations et une prise de conscience. En intérieur, il y a une amélioration notamment au niveau des produits de peinture, sur les colles et il y a de plus en plus des réglementations sur un certain nombre de produits qui diminuent les émissions des produits chimiques utilisés... Toutefois, cela reste problématique !

Quels sont les gestes et les conseils à adopter pour lutter contre cette pollution dans son logement ?

Le geste le plus simple est d’aérer deux fois par jour et plusieurs minutes pour diluer les polluants de l’air intérieur et renouveler l’air. La deuxième chose à faire est d’être attentif aux produits que nous utilisons à l’intérieur de la maison, que ce soit les produits d’entretien ou les produits de bricolage. Aussi d’éviter les produits chimiques qui ont des odeurs qui vont générer des composants organiques volatiles, comme les désodorisants qui sont à bannir, notamment les produits à combustion : l’encens et les bougies qui sont des produits qui vont masquer les odeurs toxiques sans les éliminer et qui vont rajouter de nouvelles molécules parfois plus toxiques que les odeurs que nous voulons masquer.

Propos recueillis par Abdessamad Attigui.

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